Courtillé : « Francky ne va pas récolter ce qu'il a semé... »

18 février 2021

Courtillé : « Francky ne va pas récolter ce qu’il a semé… »

Depuis maintenant presque trois semaines, Franck Cohen a prévenu ses troupes qu’il arrêtait en fin de saison. Si, au sein du staff et des joueurs, beaucoup se montrent surpris, tous sont unanimes à reconnaître ses compétences et la qualité de son travail. Ils lui rendent hommage. Réactions.

Thierry Neveu (directeur sportif) : « Nous étions loin d’envisager que Franck arrête. Pour nous, il continuait. C’était écrit. Après avoir entendu ses arguments, nous avons compris et admis sa décision. Faire coïncider sa vie professionnelle, sa vie de famille et sa passion du rugby était devenu impossible. Nous lui sommes reconnaissants du travail accompli. Pour lui, c’est un crève-coeur de nous quitter. Il était très bien dans le groupe, nous étions invaincus. Jérémy (Lynch), notre deuxième ligne australien, était arrivé. Nous pouvions voir la vie en rose. Ce Covid-19 nous a cassé les pattes. L’homme va cruellement nous manquer. En plus de ses qualités humaines et sportives, Franck était un grand communiquant. Une qualité supplémentaire pour un entraîneur. Enfin, c’est la vie. Il va falloir rebondir. »

Sébastien Velez (entraîneur adjoint) : « Quand il me l’a annoncé, je ne m’y attendais pas, j’ai été surpris. Je ne le sentais pas lassé, mais je respecte son choix. Il a dû le mûrir longuement, avant de prendre sa décision. Il a voulu privilégié sa vie de famille. C’est dommage pour lui, car si nous vivons une saison en blanche, comme je le crains, il lui manquera l’accession en Fédérale 2, dont nous rêvons tous. Sportivement parlant, Franck aurait mérité cette consécration. Personnellement, je retiendrai avant tout son professionnalisme, sa connaissance du rugby et des hommes. L’UST perd là un meneur d’hommes, qui sait faire passer son message en souplesse. Garçon très organisé. Franck a réussi dans tout ce qu’il a construit. En trois ans, il a mis en place une organisation plus que confortable pour le niveau Fédérale 3. »

Christophe Courtillé (entraîneur de la réserve) : « Je suis étonné, même si çà se comprend. Pour faire moi-même quotidiennement le trajet Paris -Tours en train, je connais les contraintes que cela impose. Je suis vraiment déçu pour Francky, il ne va pas récolter ce qu’il a semé. A Tours, il a fait de l’excellent boulot. Si l’on regarde les stats, nous étions en moyenne entre quarante et cinquante à l’entraînement. Peu de clubs peuvent en dire autant. Les garçons venaient pour son discours, mais, aussi, pour le jeu chatoyant qu’il avait mis en place. Franck, c’est un vrai pro. Sans cesse à l’écoute. Pour moi, cela restera une belle rencontre avec un homme humain, plein de valeurs, qui a su utiliser les compétences de chacun, car il sent les personnes. Pour résumer sa force, c’est un entraîneur entraînant. Il sait responsabiliser ses hommes et les accompagner. »

Pascal Sassi (entraîneur des lignes arrières) : « Pour l’avoir vécu, quand j’étais joueur, je sais ce que c’est de se taper le trajet régulièrement. A force, c’est compliqué et usant. Je faisais Poitiers – Cognac et j’y ai laissé de l’énergie. Quand tu sens que tu n’as plus le gaz, il ne sert à rien d’insister. C’est une décision personnelle que je respecte. Au club, il gérait beaucoup de dossiers. Confier trop de responsabilités à une seule personne finit par être handicapant. Cela l’a peut-être usé. Dommage, car Franck, avec qui j’ai bossé pendant un an, s’est avéré un excellent apport pour un Orléanais (sic). Il est parvenu à bâtir un staff complémentaire autour de lui. Dommage que cet excellent travail n’aboutisse pas par une montée. Sincèrement, je regrette qu’il n’ait pas son cadeau. Il le méritait. »

Kader Kéfif (dirigeant de la réserve) : « Il a su ramener de la constance. Grâce à lui, les joueurs ont retrouvé l’envie et le chemin de l’entraînement. Il a su fidéliser un groupe de quarante joueurs, car il est resté juste dans ses choix, pour tourner en première sans que le rendement de l’équipe ne s’en ressente. Les joueurs étaient intéressés par la qualité de ses entraînements. »

Thomas Soulié (troisième ligne et préparateur physique) : « A mon avis, il fait partie des personnes que le confinement a beaucoup touché. Quand il est arrivé, on savait déjà que faire plus d’une heure de route plusieurs fois par semaine pèserait. Il a tenu trois ans. C’est un cycle cohérent pour un coach. J’estime que Franck a beaucoup apporté à l’UST. De la rigueur avant tout. Je me suis totalement retrouvé dans cet aspect. Nous avions un côté trop amateur, il a su amener plus de sérieux. De plus, nos relations étaient fortes et intéressantes. En résumé, il a remis le club sur de bons rails. »

Thomas Rougebec (pilier et capitaine) : « Nous évoluons dans un sport amateur, qui demande beaucoup d’investissement. Aussi, il a eu raison d’arrêter à temps, rien ne sert d’attendre, pour ensuite créer des dommages collatéraux. C’est tout à son honneur d’avoir averti le club rapidement. Franck est un mec droit et honnête. Son bilan est plus que positif. Il faut se rappeler dans quel état il a pris le club. En tant que capitaine, j’ai beaucoup échangé avec lui. La qualité de son discours m’a toujours impressionné. Comme j’ai plutôt le sang chaud, sa lucidité et son approche des hommes et des matches m’ont aidé à grandir. Il savait toujours garder son calme. Jamais, même si parfois il aurait pu, car il nous est arrivé de livrer des matches de merde, il ne pétait les plombs à chaud. Il savait patienter pour te dire les vérités. Il avait toujours le mot juste, savait appuyer où cela faisait mal, utiliser le bon levier et se concentrer sur l’essentiel. Il avait cette faculté à laisser passer l’orage, à ne pas s’emporter. Voilà l’image forte que j’en garderais. Il va nous manquer. ».

Thibault Dubarry (deuxième ligne) : « Dans sa situation, la Covid-19 a trop pesé sur sa vie. Ce qui est dommageable, c’est que l’UST perd un entraîneur sympa et compétent. En peu de temps, j’ai senti qu’il était devenu amoureux du club. J’appréciais sa vision du rugby, je m’y retrouvais totalement. Les gens réclament du spectacle, du mouvement. Franck trouvait les solutions par le jeu. Ca me convenait parfaitement. Il est dans le vrai. Il a inculqué cette dynamique à Tours. Il va falloir poursuivre sur la même voie. »

Thomas Balmens (trois quart centre): « Je ne suis pas spécialement surpris de son arrêt même si j’aurais préféré que ça soit plus tard. Je suis bien conscient que les trajets (Orléans-Tours) sont usants avec le temps et qu’il allait devoir lever le pied à un moment ou un autre. C’est une perte pour Tours car il y avait une bonne dynamique. Ayant connu le niveau supérieur avec Orléans, Franck avait une approche différente. Il aura permis à beaucoup de jeunes de progresser en jouant des gros matchs et, surtout, en leur faisant prendre conscience qu’ils ont totalement leur place en équipe première. Je ne suis pas inquiet pour l’avenir. Je suis persuadé que son successeur saura garder cette dynamique. Pour ma part, je suis arrivé la même année que Franck. Il m’a fait confiance en me relançant au centre. Il m’a permis de jouer beaucoup de matches, je lui en suis infiniment reconnaissant. »

Léo Guillemet (troisième ligne aile) : « Je suis surpris et déçu qu’il nous quitte. Je le sentais toujours impliqué. S’il n’a plus la motivation, il est légitime qu’il arrête. Je me sens reconnaissant. C’est l’entraîneur, qui m’a lancé en première alors que je venais des juniors. Il m’a fait confiance. Je ne l’oublierai jamais. Il m’a fait progresser. Me demandant notamment d’être plus présent dans le combat. Son jeu basé sur la vitesse me convenait à merveille. »

Cela ne fait aucun doute. Franck Cohen sera regretté à Tonnellé.

BERTRAND BOURGEAULT

Thomas Balmens, ballon en main, tente une perçée soutenu par Thibault Dubarry (Photo Carlos Farnabe).

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