A huit jours d’intervalle, Baptiste Lemaître aura croisé le fer avec Chinon, puis, dimanche à Tonnellé, avec le Stade Nantais pour le retour de l’UST en Fédérale 2. Semaine spéciale, puisque ce sont ses deux anciens clubs. Il l’avoue sans détours, il entend bien jouer un vilain tour à Georges Souvent, le fils de Dominique et à ses coéquipiers.
« Une impressionnante armada ». « J’ai hâte d’y être et de pouvoir leur mettre des bâtons dans les roues. Même si ce combat ne sera pas de tout repos, je suis sûr que nous avons les moyens de les mettre en difficulté. » Baptiste Lemaître annonce la couleur et ne manie pas la langue de bois.
A 22 ans, le nouveau centre de l’UST (1 , 85m, 90 kg) n’a pas froid aux yeux. Au moment où beaucoup se demande à quelle sauce les Tourangeaux vont être mangés, Lemaître affiche une étonnante détermination « Ce n’est pas une équipe du Top 14 », ironise -t-il sourire malicieux à la clef. Certes, mais une impressionnante armada dotée d’un budget pharaonique (1, 575 million €) face à laquelle l’UST et ses 650.000€ fait figure de Petit Poucet. Tout différencie les deux clubs : budget, infrastructures, effectif et rythme d’entraînement. Jusqu’à six par semaine.
« On va avoir la capot ouvert…. »« A Nantes, convient Lemaître, c’est un peu plus pro. » Pour avoir vécu une exceptionnelle aventure de cinq ans en Loire Atlantique, l’ancien môme du Pôle Espoirs du Lycée Vaucanson, biberonné par Pascal Sassi, mesure la différence. « C’est un autre monde, témoigne Lemaître. A Tours, Thomas (Soulié), notre préparateur physique bosse en dehors. A Nantes, son alter ego est employé à plein temps. Médecins, kinés, masseurs sont là en permanence. Quand tu es blessé, tu es entouré. Rien n’est laissé au hasard. C’est top. L’approche est différente. Beaucoup arrive une heure avant le début de l’entraînement pour buter ou s’imposer une séance de musculation supplémentaire. »
« Nous voulons exister. » Si l’environnement n’a rien à voir, que dire de la qualité des hommes, sous contrat pour la majorité, de leur puissance ou leur condition physique. « Je connais leurs ambitions, prévient Lemaître. Ils veulent être champions de France. L’effectif était déjà de qualité, ils ont su, en plus, recruter des internationaux tongiens. C’est lourd, grand et ca va vite. Bref, le danger peut venir de partout. Ils jouent sur la largeur du terrain, multiplient les temps de jeu et les combinaisons sont nombreuses. Cela va être intense et compliqué. Au bout de trente minutes, on va avoir le capot ouvert. Il va falloir se sacrifier en défense, sinon… »
« Le risque de prendre la marée existe, prévient Lemaître. Il ne faut pas se voiler la face. Nous ne tirons pas dans la même catégorie, mais nous voulons exister. Derrière, nous sommes très forts. Nous pouvons les dérégler. »
Une maturité étonnante. Après avoir fréquenté très jeune l’école de rugby à Chinon, d’où il est originaire, Lemaître décroche un BAC pro de dessinateur industriel. Combiner études et passion du ballon ovale restait sa priorité. « Nantes possédait le profil idéal », reconnaît ce garçon intelligent au caractère bien trempé.
Arrivé en juniors, Baptiste, né sous une bonne étoile, fait son trou rapidement. La concurrence ne l’effraie pas. Vite surclassé, il débute en Fédérale 1 contre Suresnes. « J’ai vécu un truc de folie, se souvient-il. Ce jour-là, je marque un essai et suis élu homme du match. » Sa carrière était lancée. Joueur polyvalent au sein des lignes arrières, le club lui fait confiance. il évolue ailier, centre, arrière, ouvreur. « Je prend du plaisir partout et je m’adapte », avoue-t-il.
Il s’interroge et revient sur Tours. Avec le Stade Nantais, il côtoie durant deux saisons le haut niveau. Puis, au moment où le club vise la Pro D2, survient la crise sanitaire et le confinement. Alors qu’il semblait parti pour connaître un avenir doré, tout bascule. Une brouille, qu’il regrette, avec Bertrand Guilloux, l’un de ses entraîneurs, puis l’arrêt des compétitions, l’amènent à une profonde remise en question. Avec Shauna, sa copine de la Riche avec qui il vit, pacsé, depuis trois ans, il s’interroge, pèse le pour et le contre et décide de revenir en Touraine. « Le choix n’a pas évident, confesse Baptiste. La labellisation trois étoiles de l’EDR a été le déclic. »
Comme il rêve d’embrasser un jour la carrière d’entraîneur de haut niveau, l’UST lui a proposé un emploi BPJEPS d’éducateur sportif. Voilà comment et pourquoi, Lemaître a quitté ce paradis nantais pour revenir sur Tours.
« Montrer que Tonnellé peut être un enfer… » « Sincèrement, je m’éclate, se félicite Lemaître. Dans ce club, j’ai retrouvé la même ambiance familiale et jeune, avec la découverte de copains, comme à mes débuts sur Nantes. J’ai été très bien accueilli. »
Cette nouvelle vie, où il alterne deux jours de formation en début de semaine sur Orléans, puis différentes activités à Tonnellé entre l’école de rugby ou Drop Quartier, lui plaît. Malgré sa jeunesse, le garçon s’organise et ne brûle pas les étapes. « Nous avons stocké nos meubles à droite et à gauche, raconte-t-il. Actuellement, nous vivons chez mes beaux parents. Nous devons emménager, en octobre, sur la Riche. »
Voilà pour l’avenir, mais le présent reste la venue de Nantes. Quand on lui demande sa priorité, la réponse fuse. « Je veux montrer à mes anciens partenaires que Tonnellé peut être un enfer… » Les supporteurs de l’UST savent désormais ce qui leur reste à faire…Venir nombreux et donner de la voix.
TOURS – NANTES, dimanche 15h au stade Tonnellé. Arbitre Joffrey Gauzins (Ile de France)
Tours. 15. Lebrault – 14. Saudau, 13.Lemaître, 12. Balmens (cap), 11. Techer – (o) 10. Carp, (m) 9. Thuret – 7. Guillemet, 8. Soulié, 6. Biet – 5. Dubarry, 4. Guyou – 3. Mbokanga, 2. Guilbaud, 1. Grelle. Remplaçants: 16. Poisson, 17. Gabory, 18. Scicluna, 19. Nicolaud, 20. Méry, 21. Penglaou, 22. Etamé. Entraîneurs: Sassi et Velez.
La réserve de l’UST jouera en lever de rideau à 13h30 : 15. Ledoux – 14. Al Kassar, 13. Pionneau, 12. Rivière, 11. Labergère – (o) 10. Guerche, (m) 9. Blanchard – 7. Duval, 8. Lépine, 6. Augier – 5. Diarra, 4. Monnereau – 3. Bernabé, 2; Badia, 1; Morisseau. Remplaçants: 16; Malpel, 17. Ruel, 18. Renaud,, 19. Ronceret, 20. Giffard, 21. Barret, 22. Estivin. Entraîneurs: Courtillé, Pamphyle et Dubois.
Première journée. Samedi : Poitiers – La Baule (28-32). Dimanche 15 h : Gennevilliers – Plaisir, Le Havre – Domont, Le Rheu – Courbevoie, Sarcelles – ABB et Tours – Nantes.