A l’arrêt complet depuis maintenant quatre vingt dix jours, en raison de la crise sanitaire, les rugbymen tourangeaux continuent à s’entretenir physiquement, mais, au fil des semaines, on sent que cela devient de plus en plus compliqué. Etat des lieux.
Rejouera-t-on cette saison au rugby à Tours ? La question est sur toutes les lèvres. Chacun a son avis. Les optimistes comme les pessimistes et tous les discours, toutes les rumeurs circulent. En Touraine, les Remparts, en hockey, devraient reprendre prochainement, tout comme les footballeurs du Tours FC, en Coupe de France. Du côté de Tonnellé, des dirigeants aux éducateurs, sans oublier les joueurs, tout le monde s’accroche, même si les conditions deviennent de plus en plus difficiles, avec le couvre-feu notamment, pour que la vie continue.
A la recherche de la meilleure formule. Vestiaires fermés, pelouses interdites suite aux intempéries, confinement puis enfin couvre-feu, toutes les conditions semblent requises pour fermer la boutique. Toutefois, contre vents et marées, l’UST met tout en œuvre pour que la pratique du rugby puisse se poursuivre et survivre. « Certes, nous avons un peu diminuer l’offre, reconnaît Jean Louis Béraudy, responsable administratif au niveau des jeunes, mais, au prix d’une solide organisation, nous sommes parvenus à maintenir une certaine activité dans chaque catégorie. C’est assez remarquable. On s’organise en fonction. »
Philippe Briat, Baptiste Beaufils, Kenny Daamouche et tous les responsables avaient anticipé l’évolution de la crise en organisant des stages pour que les jeunes puissent se retrouver et partager la journée ensemble. « Comme les mercredis continus et l’encadrement des scolaires étaient autorisés, ajoute Béraudy, le secteur jeunes a sans doute été le moins affecté. Le manque de compétitions a néanmoins constitué un gros manque pour tous. Du coup, avec Philippe (Briat), nous avons mis l’accent sur le renforcement physique. Les cadets et les juniors ont compris que pour garder la forme, il fallait en profiter pour renforcer leur corps et faire de la musculation. » Un discours intelligent fort bien perçu par les minots.
La crise a certainement plus touché les seniors. « Cela commence à être pesant, avoue Franck Cohen, l’entraîneur du quinze fanion. On ne voit pas le bout du tunnel. La mise en place du couvre-feu à 18h nous a contraint à modifier notre planning. Comme il n’était plus possible de s’entraîner le soir en semaine, nous avons décidé de nous retrouver samedi matin à 9h 30 à la Chambrerie. Il va falloir profiter de ces petits moments d’évasion pour se retrouver autour du ballon ovale, se revoir et s’amuser, tant que nous le pouvons encore, car sincèrement, je ne vois pas comment nous allons éviter un troisième confinement. »
Pour sa part, le préparateur physique Thomas Soulié a remarqué que le groupe s’est scindé en deux. « D’un côté, reconnaît-il, il y a ceux qui font des efforts, s’entretiennent et me sollicitent et de l’autre ceux qui ont un peu lâché entre les contraintes pro, le couvre feu et la motivation qui diminue avec l’incertitude de la reprise. »
Soulié allume les voyants. En cette période interminable et insupportable, la F.F.R continue néanmoins d’espérer et échafaude tous les plans possibles et imaginables. Dans la semaine, les clubs ont même reçu une lettre leur stipulant que le championnat de Fédérale 2 et 3 pourrait reprendre le 14 mars…
Un vœu pieux, qui ne manque pas d’inquiéter Thomas Soulié. « Je ne suis pas épidémiologiste, commente le numéro 8 tourangeau, mais je ne vois pas comment la saison pourrait reprendre vu le contexte et l’incertitude ambiante. Le mieux serait de pouvoir tout de même reprendre les entraînements et de pouvoir faire des matches amicaux, car l’absence de contacts et de spécifique rugby à long terme peut amener une reprise vraiment dangereuse au niveau des chocs et des contraintes musculaires. »
Dans ce contexte, Franck Cohen cherche à positiver. « Il faut toujours garder une lueur d’espoir, afin de ne pas vivre une saison blanche. Ce serait bien qu’on ait l’opportunité de pouvoir se défendre et d’essayer de monter. Vu tout ce que nous avons mis en place. » Si, par miracle, le jeu reprenait ses droits, il faudrait songer à certains aménagements. Cohen émet quelques idées. « Il serait judicieux de revenir aux changements illimités comme auparavant et à des feuilles de match à 26. De même, si la phase retour du championnat comme cela semble envisagé ne peut aller à son terme, pourquoi ne pas consulter les clubs intéressés par les montées et faire des play-off d’accession et des play-down. »
Trois recrues côté féminin
Autant de problèmes que ne connaissent pas les féminines. Comme toutes les sections, elles ont dû également s’adapter et modifier leurs horaires d’entraînement passant de deux séances hebdomadaires (lundi et jeudi) à une seule, dimanche matin (10h30), toujours à la Chambrerie.
« Comme beaucoup de filles travaillent dans le commerce, commente Catherine Meigneux, la responsable, il n’y avait pas d’autres solutions. Curieusement, durant cette période de confinement, s’étonne Catherine, nous avons enregistré l’arrivée de trois nouvelles licenciées. Cela s’explique peut-être par le fait que nous sommes un sport d’extérieur. Nous sommes en pleine évolution, se réjouit-elle. Du coup, nous comptons 48 licenciées au total des moins de six aux seniors. »
Sous réserve de nouvelles évolutions, un stage est même programmé pour le dimanche 7 février à Tonnellé de 9h à 17h.
De ce rapide tour d’horizon, il ressort que tout le monde souffre mais s’accroche, espérant reprendre plus ou moins rapidement le chemin du stade et se retrouver, car comme le souligne fort justement Thomas Soulié. « à la base, le rugby est surtout pour nous tous un énorme lien social et c’est surtout cela qui nous manque. »
BERTRAND BOURGEAULT