Si le patronyme de Sassi est lié depuis des décennies à l’histoire de l’UST, l’arrivée de Pascal, le fondateur du Howard Hinton Sevens, comme entraîneur de la réserve n’était pas du tout programmé. C’est pourtant la réalité depuis près d’une quinzaine de jours. L’ancien centre tourangeau explique la genèse de l’histoire…
« Ce n’est pas vieux, raconte Pascal Sassi. Un matin, en promenant mon chien, je me suis dit pourquoi pas toi. Je savais que le club cherchait un responsable pour s’occuper de la réserve avec Christophe (Courtillé). Comme je suis quelqu’un de pragmatique et que je n’ai pas besoin de réfléchir longtemps, je me suis proposé. Si çà marche, tant mieux. Sinon, je passe à autre chose. » Du Sassi dans le texte. Séduit par l’idée, Franck Cohen, l’entraîneur en chef, n’a pas hésité une seconde.
Voilà comment, à 51 ans, Sassi a enquillé pour une nouvelle aventure. « Avec les jeunes, j’ai pas mal bourlingué, admet cet ancien responsable du Pôle Espoirs de Vaucanson de septembre 2009 à juin 2019. Si je réussis avec les seniors, j’aurai une corde supplémentaire à mon arc, prévient-il. Je suis un homme de défi. Le relever me plaît. »
Si le rugby reste sa passion principale, Sassi n’a jamais pris en main une équipe au plus haut niveau. « Je me méfie, tempère-t-il avec prudence. Partout où je suis passé, j’ai toujours vu des comportements d’adultes, qui m’ont déplu. Quand quelqu’un ne joue pas, il arrive toujours à agglomérer autour de lui un noyau dur pour faire pression sur l’entraîneur. Je ne supporte pas cela. Si tu ne joues pas, c’est que tu n’es pas le meilleur. Quand tu es le meilleur et que tu ne joues pas, ce n’est pas à toi de décider, cela se verra tout seul. »
Voilà pourquoi, avec son caractère bien trempé, Sassi a, jusque là, préféré enseigner aux jeunes. « J’ai toujours été fou des gamins, insiste Pascal. Il n’y en a pas un qui se ressemble. J’aime cette diversité. Voilà pourquoi j’aime m’occuper des jeunes. Je me réjouis d’en retrouver certains que j’ai connus plus jeunes. Je n’arrive pas en terrain inconnu. C’est sûr que cela a pesé dans la balance, mais je sais aussi que je vais devoir mettre de l’eau dans mon vin, car les minots ont changé. Je ne suis toutefois pas inquiet, çà devrait aller. »
L’homme a de l’expérience. Comme nous l’indiquions plus haut, l’histoire entre la famille Sassi et l’UST ne date pas d’aujourd’hui. André, son oncle, et Jacky, son père, ont été joueurs dans les années cinquante, puis entraîneurs et enfin dirigeants. Mon Papa s’est occupé notamment de la glorieuse génération des Crabos, emmenés par Gilles Manceau. Mes parents habitaient à 400m du stade, rue François-Richer. » A 86 ans, Jacky vient toujours à pied au stade, où il retrouve le dimanche son ami Pierrot Jamin, international junior en 1954.
« Mes premiers pas à Tonnellé, se marre Sassi junior, je les ai fait en…poussette à quatorze jours. » Autant dire que Pascal a le sang « orange et bleu », qui lui coule dans les veines.
Bobby le lance à 17 ans en première
Si Bernard Coustard et Claude Lagrange ont été ses premiers éducateurs. Pascal n’oublie pas de citer Yves Penaud, Patrick Meunier et Bernard Labrande, qui l’ont construit et lui ont permis de devenir l’homme reconnu qu’il est aujourd’hui. Ses années en jeunes avec ses potes Stéphane Boisnard, Vincent Trouvé, Laurent Marty, Eric Jamin et la découverte du fameux demi de mêlée néo zélandais Howard Hinton restent les temps forts de sa carrière, mais il aime aussi rappeler ses débuts en équipe première, en 1986, contre Châteauroux à Tonnellé. « Mes parents avaient dû me donner un papier pour que je sois surclassé, raconte Pascal. Quand Bobby (Morice) m’a lancé à la mêlée, j’avais, en effet, dix sept ans. Ce jour-là, le match n’est pas allé à son terme. Vu le pugilat, l’arbitre l’a arrêté. Pour commencer une carrière, c’est original. Au moins je m’en rappelle facilement. »
Demi de mêlée, puis arrière et surtout centre, Pascal Sassi restera fidèle à l’UST jusqu’en 1991. Il fera ensuite une parenthèse de deux saisons à Cognac, avant de revenir à Tours, puis de repartir à Périgueux en 96-97. Il finira sa carrière à Joué-les-Tours, où il connaîtra l’ascension de l’honneur à la Fédérale 2. Avec ce retour dans son jardin de Tonnellé, la boucle est donc bouclée pour Sassi.
« Je viens pour prendre du plaisir et gagner un maximum de matches, résume le fils de Jacky. Mon rêve serait de voir l’UST remonter en Fédérale 2, histoire de retrouver un peu d’aura au niveau du département et de la Ligue. Je suis triste de voir mon club descendu aussi bas. Sur un plan personnel, je ne suis pas un carriériste. Je viens pour voir ce dont je suis capable de faire avec les seniors. Je ne vise pas la place de Franck. Si j’avais eu cette intention, il le saurait déjà… Je lui aurais dit. » Voilà. Le discours de Pascal Sassi a au moins le mérite d’être clair.
BERTRAND BOURGEAULT