Sébillet : « Franck était le patron »

Depuis un bon mois, environ, Franck Cohen, l’entraîneur de l’UST, avait fait part à Benoît Sébillet de sa volonté d’arrêter en fin de saison. D’abord surpris, le président tourangeau a vite compris cette décision. Avant tout, il tient à rendre hommage à son coach pour son attitude très professionnelle.

« Quand il m’a sollicité pour un rendez-vous, avoue Sébillet, j’étais à cent lieux d’imaginer qu’il m’annoncerait son départ. Tout allait bien. Dans ma tête, nous étions partis pour poursuivre l’aventure encore un moment. Après avoir entendu ses explications, j’ai compris. Habitant Orléans, depuis trois ans, il passait son temps en voiture. Avec la crise sanitaire, sa motivation en a sans doute pris un coup sur le museau. L’envie s’est estompée et la lassitude s’est instaurée. »

Après avoir accusé le coup, le président reconnaît qu’une page se tourne. « Déjà, nous lui sommes reconnaissants de nous avoir avertis de bonne heure, souligne-t-il. Nous allons pouvoir nous organiser pour l’avenir. Par le passé, à Tours, nous avons souvent été habitués à la valse des entraîneurs. Partir à la recherche d’un coach n’est jamais une mince affaire. Grâce à lui, nous avions trouvé une certaine stabilité. Cela nous plaisait bien. Dès son arrivée, rapidement, auprès des joueurs, il a fait l’unanimité, raconte Sébillet. Il avait sa méthode et a su amener une certaine fraîcheur et un regard neuf. Au club, il avait des responsabilités qui dépassait son simple statut d’entraîneur de la première. Il avait un œil sur tout. Le mercredi, il venait à l’école de rugby. Tout le monde l’appréciait. C’était le patron. Nous n’avons qu’à nous louer de ses services. Notre seul regret, c’est que nous ne voyons pas l’horizon se dégager. Si seulement, nous pouvions rejouer et monter… »

Malheureusement, ce souhait du président relève, pour le moment, du rêve. En revanche, les chiffres sont là, bien présents. Ils témoignent de l’excellent travail effectué par Cohen, assisté de son ami « Choco » Vélez. La montée de l’UST en Fédérale 2 était son ambition, quand il est arrivé voici trois ans en Touraine. A cause de la crise sanitaire due à la Covid-19, on peut avancer, sans prendre trop de risques – mais nous souhaiterions nous tromper – qu’il a échoué dans son entreprise. Comble d’infortune, en trois exercices, Cohen n’est jamais parvenu à qualifier le club tourangeau pour les phases finales.

Bilan éloquent : 74 % de succès

Adjoint de Julien Darthevel, la première saison, en 2018-2019, l’Orléanais d’adoption devait se contenter d’une sixième place derrière Poitiers, Riom, Nontron, Blois et Guéret. Or, seuls, les quatre premiers étaient qualifiés. Tours était donc en vacances prématurément. Les deux années suivantes, le tandem Cohen-Velez ne sera pas plus heureux. En 2019-2020, le championnat sera stoppé au lendemain du 1 mars après la défaite à Chinon (20-18), lors de la 17e journée, sans jamais pouvoir reprendre. Pour avoir chuté trois fois consécutivement à Trignac (19-7), face à Poitiers (20-16), puis à Chinon, les coéquipiers de Thomas Rougebec étaient rejetés à la quatrième place de leur poule derrière La Baule, Poitiers et Trignac. En raison de la pandémie, la compétition sera interrompue définitivement et la Fédération annulait les phases finales, puis décidait de faire monter les premiers de poule et les meilleurs seconds. Pour avoir manqué de constance, Tours était recalé, alors qu’il restait cinq matches à disputer..

La troisième saison devait être la bonne… Elle le sera jusqu’au 25 octobre. A cette date, l’UST avait réalisé le carton plein : six matches, six victoires, dont la dernière, curieusement encore, contre Chinon (25-8). Tous les espoirs étaient permis. Leader invaincu, Tours, euphorique, pointait alors au deuxième rang national derrière le Stade Nantais. Et là, patatras, en raison de la crise sanitaire, toutes les compétitions amateurs étaient arrêtées de nouveau. Le dernier week-end, cela a fait exactement 105 jours. Soit plus de trois mois sans la moindre rencontre! Sauf miracle, on se dirige donc vers une saison blanche. Sans titre de champion de France, sans montées, ni descentes. Malgré ce coup du sort, le bilan de Franck Cohen reste très positif.

Lors des deux saisons, où il a été à la barre, l’UST a remporté 17 victoires en 23 matches, soit un pourcentage de réussite de 74% (voir ci dessous) contre seulement 26% de défaites. Le ratio s’avère excellent, mais il ne donne, en vérité, qu’une image trompeuse. Lors de ces deux années pourries, 23 rencontres sur 44 seulement se sont déroulées. Soit un taux d’absentéisme de 48%. C’est énorme. Pour avoir une vue générale de son parcours à Tours, nous avons ajouté les résultats obtenus lors de sa première année, en tant que coach adjoint. Là encore, les chiffres sont éloquents. Avec un bilan plus qu’acceptable de 62% de succès, Cohen méritait incontestablement une autre sortie. La crise sanitaire en aura décidé autrement.

BERTRAND BOURGEAULT