Sassi reprend le flambeau

Pour remplacer, la saison prochaine, Franck Cohen comme entraîneur, l’UST a misé sur la continuité en faisant confiance à Pascal Sassi. Cette nouvelle ne surprendra pas les passionnés d’ovalie, tant ce patronyme est lié à l’histoire des « orange et bleu ». Découverte du futur patron du rugby tourangeau.

Pour les anciens, le retour d’un Sassi à la barre de l’UST les rajeunira de près d’un demi siècle. De quarante six ans très exactement ! Il faut, en effet, remonter à la saison 1974-1975 pour retrouver trace d’André Sassi, comme entraîneur. Son adjoint était Bernard Bouygues. Après une longue éclipse, le nom de Sassi revient sur le devant de la scène. L’histoire retiendra qu’André, l’oncle de Pascal et le frère de Jacky, son papa, a d’abord été joueur dans les années 50, avant d’endosser les responsabilités d’entraîneur durant près de dix ans (1965 à 1975). Avec émotion et fierté, Pascal évoque le passé. « Si je ne suis pas mécontent de ma promotion, je veux, en priorité, souligner le lien fort qui a toujours uni l’UST et les miens. C’est une longue histoire de famille, commente le futur entraîneur en titre. D’amour, mais aussi d’investissement. »

L’UST, son club de cœur. Pour la petite histoire, on précisera que Pascal a effectué sa première sortie à Tonnellé, en poussette, à quatorze jours. Autre anecdote croustillante, « Calou » a même été la mascotte du club, à l’époque où son père entraînait la génération cadets des Manceau, Lafond, Broussal, Doux, Boiteau et Dubois. Preuve, s’il en était encore besoin, d’affirmer que l’UST reste bien son club de cœur.

Si sa mémoire ne le trahit pas, Pascal Sassi arrive à l’UST, en 1980, âgé de onze ans. Bernard Coustard et Claude Lagrange sont ses premiers éducateurs. « Je serai bien venu à quatre ans, mais ma maman (Gisèle) ne voulait pas que je débute trop tôt », aime-t-il à raconter.

Déjà en première à 17 ans. Passé par toutes les catégories de jeunes, Pascal, lancé par Bobby Morice, débute en équipe fanion, à 17 ans, à la mêlée face à Châteauroux. « Je jouais un peu partout. Derrière, j’étais un peu le couteau suisse », ajoute-t-il avec humour. Ses potes de l’époque se nommaient Marty, Massa, Boisnard,Trouvé, Jamin, Blanchet et, bien sûr, le regretté Howard Hinton.

A 17 ans, encore tout minot, Pascal Sassi débute en équipe première.

Jusqu’en 1991, après avoir évolué en jeunes, Pascal restera fidèle aux couleurs orange et bleu. Etudiant à l’UFRAPS à Poitiers, où il préparait son diplôme d’EPS, il partira, pendant deux saisons (1991-1993), à Cognac pour évoluer parmi l’élite. « Ce n’était pas dans mes priorités, souligne-t-il, mais tenter l’aventure m’a séduit. »

Il termine à Joué. Capes en poche, Sassi revient au bercail, quand Tours, en 1993, monte en groupe B2, sous les ordres de Jean Charles Pichonnière et Loïc Martin. « A l’UST, je n’ai jamais eu la chance de jouer une montée », déplore-t-il. Ce bonheur, il le connaîtra, un peu plus tard, à Joué les Tours, mais, auparavant, il effectuera une dernière expérience, en 1996, à Périgueux. Avec Joué, club cher à Robert Bébien, Sassi prendra part aux deux montées successives des Jocondiens, d’honneur en Fédérale 2.

Un rouge lui coûte cher. Marié à Maïté et père de trois enfants, Louise (22 ans), Pierre (19 ans), qui pratiquent le rugby, et Jeanne (14 ans), Pascal, après avoir exercé comme prof d’éducation physique au Collège Beaulieu, à Joué, mutera pendant dix ans au Pôle Espoirs du Lycée Vaucanson (2009-2019). Pressenti pour en être le directeur dès sa création, en 2006, Sassi devra abandonner momentanément le poste au Béarnais Jérôme Bize. Son tempérament de feu et son franc parler lui ayant joué de vilains tours…

« Trois jours auparavant, se remémore l’ancien demi de mêlée, lors d’une rencontre de jeunes avec Joué à Saint Pierre, j’ai voulu apprendre le règlement à un arbitre. » Du coup, Sassi écopait d’un carton rouge. Une attitude guère appréciée par la Fédération française, qui repoussait sa nomination. Amoureux des gamins, fan des petits, ce formidable éducateur, instigateur principal du Howard Hinton Sevens en souvenir de son grand ami, connaîtra alors une période faste, menant notamment l’équipe à 7 au titre de champion de France. Pascal vivra également des heures inoubliables de bonheur, avec l’équipe de France U 16, dont il sera entraîneur deux saisons puis manager.

Il a formé de grands joueurs. Grâce à lui, des jeunes de talent sauront éclore sous les couleurs de Touraine Plus pour ensuite faire carrière au sein de l’élite. Nous citerons notamment Arthur Coville (Stade Français),Thomas Lavault et Matthias Haddad (La Rochelle), Paul Jedrasiak (Clermont), Pierre Popelin (Vannes), Karl Chateau (Perpignan), Nollan Le Garrec (Racing 92), ou encore Emerick Setiano (Toulon). Après cette période dorée, il reviendra au Collège Beaulieu. Puis, un jour de juin 2020, en promenant son chien, l’idée de revenir à ses premières amours lui traverse l’esprit. Très vite, le projet de rejoindre l’UST voit le jour. Le courant passe avec Franck Cohen, qui l’appelle à ses côtés. Un an plus tard, l’Orléanais, n’arrivant plus à conjuguer vie sportive, familiale et professionnelle, préfère se retirer. Voilà comment Sassi s’est retrouvé parachuté à la tête du quinze fanion en compagnie de Sébastien Velez.

Avec le sens du partage. Cette nomination, Pascal la savoure à sa juste valeur, tout en avouant « ne pas être un carriériste. Toutes les expériences vécues avec les gamins, au contact des entraîneurs que j’ai croisés m’ont aidé à grandir et à acquérir de l’expérience. Je ne suis pas ambitieux, tient-il à préciser, sinon je pense que j’aurais fait une autre carrière. Diriger les seniors sera une nouvelle étape de mon parcours. Au sein du staff, je ne pense pas que ce changement modifiera beaucoup notre fonctionnement. Franck (Cohen) a su mettre en place un noyau dur, où chacun a ses responsabilités. Avec Choco (Velez) ou Christophe (Courtillé), nous allons poursuivre sur la même voie. Avec un sens du partage identique. Devenir le numéro un ne changera pas ma personnalité, ni mon mode de fonctionnement. »

Un discours rassembleur. Même si la saison blanche risque de laisser des traces dans le monde amateurs, Sassi ne s’inquiète pas. Au contraire, il cherche à positiver. Malgré la période délicate, son discours se veut rassembleur. « J’espère que le fait de ne pas avoir vécu une saison complète va leur donner l’envie de repiquer au jeu et de continuer même si certains avaient l’intention d’arrêter. Je me dis que l’on ne peut pas tout stopper au milieu de la partie. Nous n’avons disputé qu’un quart du championnat. Je mise là dessus pour qu’il y ait un manque et qu’ils décident de prolonger l’aventure pour aller chercher cette montée en Fédérale 2, dont nous rêvons tous. Beaucoup ont vécu des années noires, ils se sont énormément investis et méritent d’aller au bout pour finir sur une bonne note. Il reste donc une page de gloire à écrire dans l’histoire du club. » Voilà le discours qu’il entend tenir à ses troupes.

Sassi a déjà basculé sur la future saison. Même si le couvre feu, le soir à 18h, interdit encore toute reprise d’entraînement digne de ce nom, Sassi se projette déjà sur la préparation de la saison 2021-2022. Il a déjà en tête une ébauche de sa feuille de route. « Il va falloir se pencher très sérieusement sur la remise en forme de tous, prévient l’entraîneur de l’UST, pour vivre une saison correcte. Les joueurs vont en avoir besoin, comme ils n’ont pratiquement pas joué depuis un an. Cela risque de laisser des traces au niveau des organismes. Nous étions plutôt sur une bonne dynamique, beaucoup ont tenté de se maintenir en forme, mais au bout d’un moment, certains se sont démobilisés et ils ont lâché. Il va falloir qu’ils se reprennent en main et qu’ils comprennent que, pour vivre une belle saison, il faut être au top dès le départ, mais j’ai confiance en eux. »

BERTRAND BOURGEAULT

André Sassi (le premier en haut à g.), l’oncle de Pascal entraînait l’UST. Cette photo date de 1970, l’année du retour en Troisième Division, suite au succès contre Versailles (9-3) en huitièmes. On reconnait debout (de g. à dr.) Billy, Corbels, Danglade, Breltic, Brocard, Jeffroy, Copin, Mandineau et au premier rang Morice, Coustard, Christian Vignier, Bertoletti, Gravier, Borowikowa et André Vignier.