Que deviennent-ils ?

Le talonneur de l’UST pousse en deuxième ligne

Depuis le vendredi 13 mars, soit le lendemain du discours présidentiel, Bernard Laporte, le président de la FFR a décidé de suspendre l’ensemble des compétitions pour lutter contre la propagation du coronavirus, qui frappe actuellement notre pays. Depuis cette date, les joueurs de l’UST sont à l’arrêt total.

Pour vous donner de leurs nouvelles, nous avons décidé de les rencontrer pour qu’ils nous racontent comment ils vivent cette période bien délicate. Au tour aujourd’hui, vendredi, du capitaine Thomas Rougebec.

Vous pourrez retrouver cette série deux fois par semaine, soit le vendredi et le samedi. Rendez-vous demain samedi avec Martin Raguin.

La pandémie du coronavirus, qui a touché et paralysé la vie des Français depuis maintenant plus de deux mois n’a pas changé fondamentalement le quotidien de Thomas Rougebec. Employé à l’hôpital Bretonneau depuis près de cinq ans, comme sept de ses collègues, en tant que technicien biomédical, sorte de service supports pour les soins et laboratoires, le talonneur de l’UST travaille cinq jours par semaine de 8 à 17h.

« Nous n’intervenons pas au niveau des patients, précise Rougebec. Contrairement aux soignants, nous avons très peu de relationnel avec eux. Nous ne sommes qu’en deuxième ligne (NDLR : un comble pour un talonneur). Notre mission consiste à nous occuper du matériel et des équipements pour les labos, analyses et examens. Notre job est identique. On note toutefois un surcroît d’activité sur les dernières semaines. »

Son emploi du temps diffère peu. « L’hôpital ayant souhaité tourner avec un effectif à mi-temps, nous bossons une semaine sur deux. La seconde, nous sommes d’astreinte. Sage précaution pour éviter les contaminations et que le service ne vienne à être décimé, pour le cas où tout le monde tombe malade en même temps. Il ne faut pas se voiler la face, enchaîne Rougebec, le contexte est plus anxiogène. Nous savons que le virus est présent. Il y a sans doute une grande chance que je lui ai déjà serré la main (…). Les mesures d’hygiène ont augmenté. Nous avons gants, blouses et masques. Le matin, je me change. Idem le soir, je ne ramène jamais mes vêtements à la maison. »

Le risque zéro n’existe pas. Rougebec le sait, mais se veut fataliste. « Je n’ai pas peur plus que cela de le ramener, avoue-t-il avec philosophie. Je ne dois pas céder à la peur et à la panique. Si nous réagissons ainsi, il n’y aura plus personne dans le service. Nous nous devons d’être au soutien des soignants. »

En écoutant Thomas raconter son cheminement depuis bientôt huit semaines, nous comprenons mieux pourquoi il était mal à l’aise pour répondre à notre questionnaire. « Le confinement me touche moins que beaucoup de mes potes, estime-t-il à juste titre. Il passe plus rapidement que pour ceux qui sont bloqués. »

S’il a sûrement moins de temps de libre à la maison, Thomas se réjouit « de ne pas être renfermé. Comme j’habite à Berthenay, à une dizaine de kilomètres de Tours, insiste-t-il, j’ai la chance d’avoir une maison et le privilège d’avoir pas mal de jardin. Le soir, en arrivant, j’enfile ma tenue de confinement, un vieux jean, une paire de bottes, une bêche et en avant… »

Le soir, comme Thomas n’est pas trop télé, il sort avec Ingrid, sa femme, qui bosse au C.H.U, pour s’aérer et promener leur chienne Polka, leur drathlaar (NDLR : chien d’arrêt style Braque allemand). Repos et oxygénation amplement mérités pour ce couple méritant avant de repartir au boulot le lendemain matin.

BERTRAND BOURGEAULT

Thomas Rougebec et sa chienne Polka en plein jardinage.(Photo D.R.)