Lynch file à Cognac

Après avoir vécu presque cinq mois en Touraine, Jeremiah Lynch, la recrue australienne de l’US Tours, a décidé de rejoindre Cognac Saint Jean d’Angély en Nationale. Explications.

En cette période sombre de Covid-19, la nouvelle ne manquera pas de surprendre. Sans chercher midi à quatorze heures, l’explication est simple. Lynch, repéré l’été dernier à Christchurch en Nouvelle Zélande et recommandé par Steve Baker, l’ancien numéro 9 néo zélandais de l’UST, était venu en France pour apprendre notre langue, jouer au rugby à Tours pour se faire connaître et, ensuite, s’il en avait les capacités, évoluer au niveau supérieur. Très rapidement, la première condition était remplie, puisque le club, dès son arrivée à Roissy le 21 octobre, l’inscrivait à l’Institut de Touraine. Auparavant, les papiers administratifs nécessaires à l’établissement de sa licence avaient été envoyés, au siège de la Fédération française, avant le 30 septembre pour que Lynch soit qualifié et puisse jouer rapidement. Malheureusement, par la suite, tout s’est compliqué. A cause de la crise sanitaire, la FFR prenait la décision d’arrêter les compétitions, fin octobre, avant d’opter pour une saison blanche.

Même si l’UST et ses dirigeants ont été aux petits soins pour Jerry, le 3e ligne australien était privé de sa passion. Au fil des mois, l’absence de rugby a pesé et compté énormément dans sa décision. Dans un premier temps, Lynch s’est ouvert de sa situation à son agent. Courir seul à Tonnellé pour s’entretenir ne lui suffisait plus. Dès lors, il n’avait plus qu’une idée en tête : rejouer avant la fin de saison. Eric Cestaro, l’agent bordelais, le proposait alors à Cognac Saint Jean d’Angély. En février, Lynch rencontrait d’abord Fabrice Landreau, le manager, à Angoulême. Ensuite, tout est allé très vite. Lynch se rendait début mars pour un séjour de deux jours. Puis, enfin, le club charentais décidait de le recruter jusqu’à la fin de la saison. Du coup, après avoir toujours tenu le club au courant de ses intentions, Lynch quittait Tours pour Cognac, mardi dernier.

Depuis, l’Australien et Kelly, sa compagne, résident dans un gîte. Comme l’effectif charentais était à l’isolement en raison d’un cas de Covid, l’ex Tourangeau n’a pu faire connaissance avec ses futurs partenaires. Comme les tests passés vendredi ont été négatifs, Lynch pourra être présenté rapidement. Désormais, Jerry devra mettre les bouchées doubles à l’entraînement pour espérer jouer. « Il est hors de forme » précise, en effet, Landreau.

Le temps presse donc pour Lynch, qui accuse actuellement huit kilos de trop (117 contre 109) sur la bascule. Avant la fin du championnat, le 23 mai, Cognac n’a plus que six matches à disputer : Massy, Bourgoin et Dax, à domicile, ainsi que Nice, Bourg et Aubenas, en déplacement. Lynch, s’il veut avoir l’occasion de montrer ses qualités, sait ce qu’il lui reste à faire. En attendant, l’UST doit avaler la pilule.

Même si certains en Touraine peuvent avoir le sentiment d’être les dindons de la farce, le club, secoué par cette affaire, est unanime et lui souhaite bonne chance pour la suite de son aventure en Charente. Et si, par hasard, Lynch ne parvenait pas à séduire et à s’imposer au niveau supérieur, l’Australien doit savoir que la porte de l’UST lui restera toujours ouverte. Par le passé, on se rappellera que Pascal Sassi, le futur entraîneur, avait muté à Cognac (1991-1993), avant de revenir au club. Espérons que l’histoire se répète une nouvelle fois…

BERTRAND BOURGEAULT