L’UST s’est réveillée avec la gueule de bois…

En s’inclinant face au Stade Poitevin (20-16), les Tourangeaux ont sans doute vu s’éloigner définitivement la première place de la poule, mais aussi perdu leur invincibilité à domicile. Quant à Poitiers, il a mis fin à un quart de siècle de disette. Le dernier succès des noirs et blancs, à Tonnellé, remontait, en effet, à 1995.

Inutile de tergiverser, c’était la soupe à la grimace, dimanche, sur les coups de 17 h, du côté de l’UST, tant tout le monde rêvait d’un exploit face aux Poitevins. L’occasion de se relancer après le revers à Trignac (19-7), une semaine auparavant, était trop belle. Malgré un forcing effréné sur la fin, l’UST a échoué, s’inclinant sur le fil (20-16). Et pourtant, en jouant posément sans s’affoler – facile à dire des tribunes – , les Tourangeaux avaient les moyens d’inverser la vapeur, après avoir été distancés (20-10, 56e).

La botte de Pierre Marie Giffard, qui faisait mouche à deux reprises (60e, 77e), les avait pourtant rapprochés (20-16). Les hommes de Franck Cohen et Sébastien Velez jetaient alors toutes leurs forces dans la bataille. Poitiers, après avoir remarquablement mené sa barque, perdait un peu de sa superbe. A tel point que son capitaine Eusèbe Bernus écopait d’un carton (79e) dans le money-time. Survenait alors la fameuse touche, à cinq mètres de la ligne, qui fera couler tant d’encre et qui pouvait tout changer.

Tours a eu la balle de match

Déja, dans les tribunes, ils étaient nombreux à imaginer un scénario identique à celui du match aller, où le pied d’Emilien Monrouzeau avait offert la victoire à Poitiers (21-18), après que l’UST eut mené (18-15, 78e). Mais, cette fois, c’est Tours, qui devait rendre la monnaie de leur pièce aux Poitevins. En marquant l’essai suffisant pour repasser devant. C’était écrit.

Poitiers, ayant perdu ses meilleurs atouts en conquête, décidait de ne pas contester le lancer, comme l’avouera après coup Thomas Cassen, l’entraîneur du Stade Poitevin. Préférant défendre sa ligne sur le groupé pénétrant attendu. La consigne était de jouer sur Thomas Soulié et derrière d’enclencher. Oui, mais le plan n’a pas été respecté ou le message mal passé. David Gabory la jouait courte et le ballon était cafouillé. Le pressing poitevin repoussait les Tourangeaux aux 30 m et l’arbitre sifflait la fin. Poitiers pouvait exulter et Tours avoir des regrets.

Présent au derby en compagnie de son père Jean Paul, l’ancien champion de France, à deux reprises du lancer du javelot, Pierre Gilles Lakafia, l’international à VII, était très amer.

« Rageant, lâchait-il, car la victoire était à leur portée. Dommage que ce dernier ballon ne vienne pas récompenser tous les efforts déployés pour recoller au score et triompher. »

« On n’a pas à rougir de cette défaite, tempérait Sébastien Velez, le coach adjoint. Simplement, c’est dur à avaler, quand elle intervient après une première subie huit jours auparavant. Nous leur avons fait trop de cadeaux. » Franck Cohen abonde dans le même sens. « Nous leur offrons dix points, rageait-il. Le dernier essai avant la mi-temps et la pénalité face à nos poteaux. Quand tu meurs à quatre points, tu peux nourrir des regrets. C’est vraiment dommage. Je suis déçu pour mes joueurs, car on livre un gros combat, mais, quand on met la détermination nécessaire, il faut aussi être capable de jouer avec sa tête. On a perdu confiance en notre conquête en touche. On doit finir le match autrement. A l’avenir, il faudra être plus intelligent et plus discipliné. »

Un manque de jugeote

Si Cohen n’en dira pas plus, les anciens des années 70-80, comme Jacques Darbas, Jean Charles Chouraqui, Bernard Alexandre ou encore Jean Louis Beraudy échangeaient, au club house, avec leur ami Bernard Bouygues. Les discussions allaient bon train. Tous avaient l’oeil critique et pointaient les carences de l’UST. Revenant notamment sur l’essai assassin de la 40e minute et la pénalité de la 56e minute.

« Parfois, il faut savoir taper, fulminait le Landais Darbas. Quand tu reviens à 10-10, tu dégages en touche et on voit après. Derrière, il reste quarante minutes. De même, quand on est dans ses 22m, on ne part pas la fleur au fusil en s’isolant. Là encore, il fallait taper loin devant, d’autant qu’au fond du terrain, il n’y avait plus personne. A la course, l’arrière avait toutes les chances d’arriver le premier. »

Alexandre déplorait « les ballons perdus en touche et le manque de coordination », Chouraqui, « le non respect des fondamentaux et l’absence d’un aboyeur, d’un véritable patron sur le terrain. Sans parler d’un buteur et d’un grand dans l’alignement. » A leur manière, ils disaient tout haut ce que beaucoup pensait en silence. Ils avaient passé une superbe journée de retrouvailles et auraient tellement voulu voir leur UST gagner ce derby. « Je reviendrai pour les phases finales, lançait sans rancune Darbas à ses potes. Et là, il faudra vaincre pour monter en Fédérale 2. » Rendez vous est pris.

Soulié : « Nous serons prêts quand il le faudra »

Quant à Thomas Soulié, il avouait, lundi matin, avoir mal dormi. « Cette défaite nous laisse un goût amer, pestait au réveil le numéro 8 de l’UST. C’est très frustrant, parce qu’on a la sensation qu’ils ne nous sont pas supérieurs. Nous avons commis trop d’erreurs individuelles, moi le premier sur le troisième essai. Ils se sont nourris de nos erreurs pour bâtir leur succès. Poitiers possède une belle équipe. Cette défaite va nous permettre d’engranger de l’expérience et une certaine frustration qui, je l’espère, nous servira samedi à Chinon. Bien sûr, que nous visons une victoire. On ne peut pas se permettre d’enchaîner trois défaites sur un bloc de trois rencontres. Rien n’est grave. Il reste six rencontres. On continue de progresser. Nous serons prêts quand il le faudra. » Acceptons-en l’augure.

BERTRAND BOURGEAULT

 

Pierre Gilles Lakafia (au centre), l’international à 7, était l’invité dimanche de l’UST en compagnie de son père, Jean Paul (à dr.), l’ancien lanceur de javelot et de Bertrand Bourgeault (à g.) (Photo D.R.)

 

TOURS – STADE POITEVIN : 16-20 (10-17). Arbitre Emmanuel Gandia (Ligue Ile de France).

Tours : deux essais d’Etamé (1ere) et Lacroix (34e). Deux pénalités (60e, 77e) de Giffard.

Poitiers : deux essais de Mallet (15e) et Monrouzeau (40e). Deux pénalités (4e, 56e) et deux transformations de Monrouzeau.

Carton blanc : Bernus (79e). Carton jaune : Cazette (61e).

Evolution du score : 5-0, 5-3, 5-10, 10-10, 10-17, mi-temps, 10-20, 13-20, 16-20.

Tours. Lebrault – Etamé (Perchais, 68e), Pionneau, Balmens, Lacroix (Labergère, 41e) – (o) Rivière (Giffard, 49e), (m) Denormandie – Breil (Raguin, 58e), Soulié, Biet – Taylor (Lepine, 51e), Girardeau – Grelle (Gabory, 41e), E. Sebillet (Ravilly, 58e), Rougebec (cap, Grelle, 79e).

Seizième journée

Fougères – Le Mans 12-24

Saint Malo – La Baule 22-23

Auray – Plouzané 15-10

Chinon – Trignac 15-8

Saint Nazaire – Angers 76-5

Tours – Poitiers 16-20

Classement. 1. Poitiers 66 pts ; 2. La Baule 63 ; 3. Tours 55; 4. Trignac 51 ; 5. Saint Nazaire 48; 6. Chinon 40 ; 7. Saint Malo 35 ; 8. Auray 31 ; 9. Plouzané 27 ; 10. Le Mans 22 ; 11. Angers 21 ; 12. Fougères 5.

Prochaine journée. Samedi 29 février (16 heures) : Chinon – Tours. Dimanche 1 mars : La Baule – Fougères, Plouzané – Saint Malo, Trignac – Auray, Le Mans – Saint Nazaire, Angers – Poitiers.