Grelle fête son jubilé

Dernière rencontre de l’année, dimanche à Tonnellé, avec la venue de l’ACBB. Dernière sortie également pour le solide pilier Aymeric Grelle, qui, à 34 ans, a décidé de tourner la page. Pour l’occasion, il disputera son centième match en première sous les couleurs « orange et bleu » de l’UST, son club de cœur. Explications.

Il y aura de l’émotion sur les coups de 15 h, quand Grelle entrera pour la dernière fois de sa carrière sur la pelouse de Tonnellé. Nul doute que le cœur de ce garçon discret et apprécié de tous au club se mettra subitement à battre la chamade. « Un jubilé en pleine saison, ironise Thomas Balmens, son pote avec qui il partage la route depuis Château-Renault plusieurs fois par semaine pour venir au stade, c’est énorme et très rare. Ca va vraiment faire bizarre », plaisante son capitaine.

UST – ACBB sera donc la dernière séance de Grelle. Surprenant de mettre la fléche à mi-parcours. Aussi, nous avons mené l’enquête pour en savoir plus. En fait, le secret a été bien gardé, mais la décision d’arrêter à Noël était prise depuis longtemps. « Déjà, j’avais envisagé de stopper ma carrière en fin de saison dernière, raconte ce fidèle serviteur, arrivé au club en cadets, mais la Covid est passée par là. J’ai donc prolongé, car je voulais choisir l’heure de ma sortie. »

Il va ouvrir un restaurant

En fait, depuis longtemps Aymeric et Océane ont un projet familial en tête. Vu que sa femme est cuisinière et que lui possède un CAP de charcutier traiteur, le couple rêvait … d’ouvrir un bar-restaurant. « L’opportunité s’est présentée, avoue Grelle. Nous avons sauté sur l’occasion. » Voilà pourquoi tout s’est accéléré brutalement.

« Depuis un moment, me lever le lundi matin pour aller au boulot devenait de plus en plus dur, reconnaît le solide pilier (1,80m, 110kg) tourangeau. J’avais mal partout. Je sentais bien que j’étais sur la fin. Prochainement, je vais attaquer une nouvelle vie, commente cet actuel magasinier dans une société de serrurerie d’art. Je veux m’y plonger à fond. Impossible de tricher. Gérer nos deux enfants, Ruben et Ariane, et mener de front, le rugby et la restauration, ne serait pas raisonnable. Je ne veux arriver au boulot la … tronche ouverte. Certes, cela m’embête de laisser les copains en cours de saison, avoue-t-il l’air gêné, mais il faut comprendre que je ne suis pas le seul à décider. »

Pas question d’arriver au boulot avec la tronche ouverte (Photo Philippe Maître)

Biet : « Toujours là pour le travail ingrat »

Que « l’homme de l’ombre », comme le baptise Pascal Sassi, son entraîneur, se rassure, ses copains ne lui en voudront pas, mais son absence dans la vie quotidienne, dans le bus, dans le vestiaire, mais, surtout, sur le pré vont leur manquer. C’est une certitude, Grelle sera regretté. Pour s’en persuader, il suffit de lire ce joli et émouvant florilège de témoignages d’amitié et de valeurs profondes que seul le rugby sait véhiculer.

« Il a tout simplement le cœur sur la main, avance Bastien Biet. Jamais un mot plus haut l’autre. Toujours là pour assurer le travail ingrat. Sans se plaindre, ni demander la moindre reconnaissance. Il n’a jamais cherché à tirer la couverture à lui. Pour le rugby, il a sacrifié beaucoup de choses. Jusqu’au bout, il aura voulu donner un coup de main au club, qui a besoin de lui. »

Et Biet, à l’image de sa déterminantion sur le terrain, d’enchaîner les éloges. « Il n’est pas attiré par la volonté de briller ou de marquer des essais. C’est typiquement le prototype du joueur de l’ancienne génération. Son départ va être très dur à combler, au même titre qu’a pu l’être celui de Thomas (Rougebec). Deux choses à retenir : son rire si communicatif et son talent inné à la belote coinchée… »

De Dubaï, où il est ce week-end avec l’équipe de France militaire, Thomas Soulié dresse son portrait. « Rico possède toutes les qualités requises qu’on souhaite trouver chez un coéquipier. Fidèle à ses engagements, toujours de bonne humeur. On peut toujours compter sur lui. Un vrai bon mec. Il fait partie des joueurs discrets, qui comptent dans l’histoire d’un club. Il ne fait pas de bruit, mais il nous a souvent sorti de beaucoup de soucis. »

Grelle (à g.) prêt à soutenir Soulié, ballon en mains (Photo Vincent Kefif)

Rougebec : « Château, un type en or »

Au tour de son ancien capitaine et concurrent direct aux fauteuils d’orchestre, Thomas Rougebec de sortir de sa retraite pour lui donner un coup d’encensoir. « Château, c’est d’abord la joie de vivre, la bonne humeur sur le terrain comme en dehors, admet-il. Le type en or par excellence. A l’image du club, il donne beaucoup. Pour l’anecdote, je rappelerais comment il m’avait remonté lors de la demi finale contre Vinay (19-18 lors de la saison 2016-2017). En mêlée, nous étions à la peine. Sans arrêt, il me serinait je sais que tu ne pousses pas, je le sens. Il me cassait les c…. Du coup, la mêlée suivante, j’ai envoyé et là, sourire aux lèvres, il me balance, tu vois, tu as poussé, j’ai senti et on a avancé... »

Voilà résumé l’homme, qui se cache derrière le joueur. Voilà aussi pourquoi pour la der de Grelle, nous avons tenu à le mettre sous les feux de la rampe. Tant pis si sa modestie risque d’en souffrir. Par sa gentillesse et son dévouement à l’UST, Grelle le méritait amplement.Tant au sein du groupe, il fait l’unanimité.

« Jouer avec mes frères, le temps fort de ma carrière »

Les derniers mots lui reviennent. Quand on le questionne pour connaître le meilleur souvenir de sa carrière. La réponse fuse « Jouer avec Julien et Aurélien (Darthevel), mes deux frères, puis avoir le premier comme entraîneur reste le temps fort de ma carrière. » Tout un symbole. Et, enfin, quel est son souhait pour sa dernière séance ?. « Gagner avec le bonus offensif serait le pied », assure Grelle.

Ses potes, qui « vont terriblement me manquer » savent à quoi s’en tenir.

BERTRAND BOURGEAULT