Dubarry : « On entrevoit la sortie du tunnel »

Depuis mardi, le sport amateur a désormais le feu vert pour une reprise d’activités sans contact. Une nouvelle accueillie avec un bonheur non démenti. A Tonnellé comme ailleurs dans l’hexagone.

Depuis le 25 octobre, jour du derby face à Chinon, tous les membres de l’UST respectaient le confinement en raison de la seconde vague de la Covid-19. Du coup, les joueurs devaient se contenter d’un entretien individuel édicté suivant les directives de Thomas Soulié, le préparateur physique. Il en a découlé une période d’isolement de 37 jours très exactement. Mercredi après midi, la vie a brutalement repris à Tonnellé, où près de quatre vingt gamins de l’école de rugby ont pu renouer avec leur sport favori. Présents lors de cette reprise, Jean Louis Béraudy, Philippe Briat , respectivement responsable administratif et technique de la formation, ainsi que Thibault Dubarry, venu en voisin humer l’air de Tonnellé, savouraient cette première étape.

Béraudy : « Ce n’est que du bonheur »

« Ce n’est que du bonheur, jubilait Béraudy, de revoir les coachs, les bénévoles, les gamins et les parents. Leurs présences et leurs sourires valent mieux que de longs discours. Cela redonne du sens à nos actions. » D’un coup de baguette magique, la vie – toujours masquée – reprenait lentement. Comme par enchantement. Parmi les éclats de voix, on entendait certains furieux et passionnés regretter de « ne pas pouvoir plaquer. Ce n’est pas du rugby », maugréaient-ils avec, malgré tout, la banane au visage.

Pour sa part, Dubarry attendait avec impatience la reprise d’entraînement, prévue jeudi soir 19h à Tonnellé. « Nous allons pouvoir nous retrouver, échanger et partager ces moments de convivialité avec les copains, qui nous manquent tellement, commentait le puissant deuxième ligne de l’UST. Pour tout sportif, s’entraîner seul sans objectif réel n’est pas évident. C’est le plus dur de ne pas avoir de repères. Personnellement, je ne me plains pas, car, chez moi, j’ai de l’espace. Dans un premier temps, il m’a fallu soigner ma déchirure aux ischio-jambiers. Je vais mieux, ce n’est plus qu’un mauvais souvenir. Footing et vélo occupaient mes séances. De plus, avec ma fonction d’éducateur, je suis toujours dehors avec les jeunes à l’Institution Notre Dame La Riche. »

Même s’il est encore trop tôt pour envisager une reprise de la compétition, Dubarry apprécie. « On s’était installés dans la routine, raconte-t-il. Aller au boulot, rentrer chez soi. Au fil des jours, cela devenait pesant et finissait par instaurer une ambiance morose. On n’avait pas oublier le rugby, mais pas loin. Quand Franck (Cohen), nous a adressé un texto en début de semaine nous signifiant qu’il était l’heure de retourner sur le terrain, j’avoue que je me suis senti soulagé. Cette fois, on entrevoit la sortie du tunnel. Personnellement, je me posais beaucoup de questions, j’étais pessimiste et je craignais que nous ne vivions une saison blanche. Au mieux, j’envisageais uniquement une reprise d’entraînement. A tel point que pour rester motivé, je songeais à m’inscrire pour un triathlon en juillet. Histoire de me fixer un but. »

Âgé de 33 ans depuis une semaine, l’ancien champion de France appréhende la reprise « Les jeunes vont tenir la route, mais les vieux comme moi vont devoir prendre un maximum de précautions pour ne pas se blesser. Je connais bien mon corps, mais je vais rester extrêmement prudent. Au niveau des contacts, surtout, il faudra du temps pour se réadapter. »

Franck Cohen et Sébastien Velez, les deux entraîneurs, sont bien évidemment ravis de reprendre le chemin de Tonnellé. « Cette reprise d’activité va indéniablement apporter une lueur d’optimisme, commente l’Orléanais. Après, il faudra rester vigilants au niveau des contenus, mais, déjà, de pouvoir se recroiser au niveau social, cela fera du bien à tout le monde. Cela permettra aussi d’évaluer l’état physique des troupes, même si tout le monde ne sera pas présent. Il faut, en effet, respecter la barrière des vingt kilomètres et la volonté de chacun. »

Même son de cloche chez « Choco » Velez, le Poitevin. « C’est avec plaisir que nous allons retrouver les gars et les terrains de rugby. Pour tous, c’est un besoin et une envie indéniables, même si la présence du virus reste dans nos esprits. D’où l’obligation impérative de respecter les mesures et les protocoles. »

Ce soir encore, joueurs et entraîneurs devront débarquer en tenue et repartir « crottés » avec l’arrivée de la pluie, puisque les vestiaires resteront fermés. Les joueurs présents seront répartis en deux groupes de quarante cinq minutes (19-19h 45, puis 19h45-20h30) pour éviter trop de croisement.

La date du 15 décembre constituera, à n’en pas douter, un nouveau rendez vous important. Le déconfinement sera-t-il d’actualité ? L’incertitude demeure. De la réponse à cette question débouchera sans doute un nouveau calendrier fédéral. Selon toute vraisemblance, on peut miser, en restant prudent, pour espérer un retour des compétitions, autour de la première quinzaine de février. Attendons, mais savourons déjà ce premier virage si important.

BERTRAND BOURGEAULT