Comment Rougebec a tourné la page…

Journée spéciale pour l’ancien pilier de l’UST, invité de marque au repas des partenaires, dimanche avant le match Tours – Nantes. Vingt quatre heures après, Rougebec raconte. Retour en images, émotions garanties.

Avant que le rideau ne tombe. Vers 11h30, Il quitte son domicile de Berthenay, abandonnant pour quelques heures Ingrid, sa femme et Jules, son petit bambin de quatre mois. Les mains dans les poches, sans sac de sport, ni crampons. Une première pour lui depuis quinze ans. Un rituel inhabituel, auquel Thomas va devoir s’adapter.

Même s’il ne l’avouera pas, sur la route de Tonnellé, théâtre de ses exploits rugbystiques passés, un sentiment particulier l’habite. Il ne sait pas trop ce qui l’attend, sauf que cette fois, il est conscient que le rideau va tomber.

Les honneurs, les mises en avant, ce n’est pas son truc. Il préfère de loin le pré, le rectangle vert, son terrain d’expression préféré. Pour une fois, Thomas, le (faux) discret enfile un costume qu’il n’apprécie guère, mais qu’il a amplement mérité pour tous les services rendus à son club de toujours. La vedette, aujourd’hui, c’est lui.

Ecoutons-le raconter, car le garçon est bavard…

Tout y était. « J’ai vécu une journée de folie, tous les ingrédients étaient réunis. Le beau temps, un nombreux public – cela m’a rappelé les phases finales de Fédérale 3 en 2016 – l’ambiance, le suspense, un match parfaitement maîtrisé avec la victoire au bout. C’est vraiment de bon augure pour la suite de la saison. »

« Sincèrement, je me suis régalé. Il n’y a pas eu de temps morts. J’étais content de revoir des amis, de serrer des paluches. Une trentaine de personnes, au moins, m’a sondé pour savoir si j’allais remettre les crampons. Cela m’a fait chaud au cœur de voir combien j’étais apprécié, mais c’est bien fini. »

Passage au club house, en arrivant, où il est heureux d’échanger avec Franck Cohen (à g), son ancien entraîneur et Nicolas Guyou (à dr.), le deuxième ligne (Photo Bertrand Bourgeault)

Avant de poursuivre le déroulement du film de dimanche, Thomas effectue un rétropédalage.

« Remercier la réserve. » « En début de semaine, Benoît (Sébillet) m’a appelé pour me dire qu’il souhaitait m’inviter pour la journée. Vu qu’avec la crise sanitaire, je n’avais pas eu l’occasion de dire au revoir à tout le monde. Une table me serait réservée avec Etienne (Sebillet), son fils, qui arrêtait lui aussi. C’est ainsi que j’ai pu convier Pascal, mon père, mes amis, Pierre Alexandre (Barré), Luc Hoarau, devenu médecin au Havre et Wilfried, notre habituel chauffeur de bus.

Etienne Sébillet (à dr) était aussi fêté. A ses côtés, on reconnaît Jérémy Dioton et Pierre Alexandre Barré (Photo Bertrand Bourgeault)

Dans la foulée, Pascal (Sassi) me conviait à remettre les maillots. Le lendemain, je me suis permis de passer un coup de fil à Christophe (Courtillé) pour qu’il m’accorde également un petit créneau pour que je puisse m’adresser aux joueurs de la réserve. En retour, il m’a proposé de passer vers midi dans le vestiaire. J’ai senti qu’il était surpris, mais je tenais absolument à les remercier, aux aussi, pour leur investissement. C’était le minimum. »

« La remise des maillots, le temps fort. » « Je dois avouer que je ne suis pas prêt d’oublier le moment où je me suis adressé à mes anciens coéquipiers dans la salle de musculation sous la tribune. Cà m’a secoué. Je n’avais rien préparé, j’ai tout improvisé et laissé parler mon cœur. J’ai voulu leur transmettre ma fierté et leur dire combien j’ai été heureux de porter les couleurs de l’UST. Je voulais qu’ils le comprennent et qu’ils se sentent investis d’une mission. »

Alors Captain Rougebec, pris par l’émotion, a eu un mot chaleureux pour chacun. Une pointe d’humour aussi. Des trémolos dans la voix, quand il a serré fort dans ses bras ses potes de toujours Bastien (Biet) et Thomas (Soulié). Les larmes n’étaient pas loin. « Leur dire au revoir a été compliqué. Même si je sais que je vais les revoir en dehors, c’est une page de ma vie qui se tourne. » A l’arrivée, son discours et ses mots justes ont galvanisé le groupe. Sans le savoir – le connaissant un peu, on en doute – Thomas a tenu un rôle prépondérant dans la victoire de l’UST. Il avait été parfait dans son rôle de remonteur de pendules…

Dans la salle de musculation à l’heure de la remise des maillots. A ses côtés Pascal Sassi et Sébastien Velez (caché) (Photo Bertrand Bourgeault)

Quand Biet chambre Soulié. Une fois la douche prise et avant de fêter la victoire, ses potes lui ont remis un joli flacon de vin, un Salmanazar (bouteille de 9 litres) de Pouilly- Fumé. « Pour l’anecdote, souligne Thomas, je ne peux m’empêcher de compter le gag du Pouilly Fumé. Thomas (Soulié) était chargé du cadeau, sauf qu’il ignorait que c’est du blanc. Il est arrivé avec du rouge. Il a eu droit à se faire allumer par Bastien (Biet). Je ne peux pas lui en vouloir car il vient du Sud Ouest. »

«  Jules est déjà venu. » Après une journée bien remplie, Thomas se retirait ravi. «  Après avoir bu quelques bières, je me suis éclipsé pour retrouver mes proches. Et notamment Jules, qui a déjà connu sa première à Tonnellé contre Chinon. Samedi dernier, j’étais resté à l’écart, je ne voulais le mettre au bruit. Il ne faut pas tout brusquer et qu’il ait peur de Tonnellé. Il faut que l’amour vienne tranquillement… »

Rendez-vous, dimanche prochain, pour Courbevoie. « Quand on est affilié à un club, on est lié à vie, termine Rougebec. Aussi, je considère que c’est un devoir pour moi de revenir voir les « orange et bleu ». Personne ne s’en plaindra, sauf peut-être sa femme.

BERTRAND BOURGEAULT