Setiano, ambassadeur de l’UST au Japon

Passé par le Pôle Espoirs de Tours (2011-2014) et licencié à l’UST, Emerick Setiano (23 ans, 1,85m, 115 kg), le pilier droit de Toulon, s’apprête à disputer la Coupe du monde au Japon. Ses entraîneurs et dirigeants de l’époque n’ont pas oublié ce garçon charmant, poli et souriant, avec qui ils sont restés en contact.

Les avis sont unanimes. Même si Emerick Setiano était relativement jeune lors de son passage en Touraine (quinze ans à son arrivée et dix huit lors de son départ), tout le monde en garde un excellent souvenir. Ecoutons-les.

« Il était très facile à gérer, se souvient Pascal Sassi, manager du Pôle. Physiquement, il était doté d’un potentiel physique intéressant. Son dynamisme et son explosivité m’ont vite impressionné. Quand l’action venait dans sa zone, il était capable de crever son adversaire direct.» Natif d’Angers, où il débuta à l’école de rugby (2002-2011), Setiano pesait déjà 105 kilos à quinze ans. Passé par la filière de détection classique, il arrive avec Maxime Jans, son copain d’enfance, pilier gauche, qui joue actuellement à Nantes. Tous deux intègrent le Lycée Vaucanson et portent les couleurs de Touraine Plus.

« C’était un garçon sympathique et très attentionné », se remémore Benoît Sebillet, son président de l’époque. A Tours, il évolue en catégorie Gaudermen, Alamercery et Crabos et passe entre les mains de plusieurs éducateurs comme Olivier Boulier, Eric Ducelier, Pascal Lafond, Philippe Fort, Sébastian Ungureanu ou encore Joachim Guilloteau

Un énorme bosseur

« Déjà une bête de travail, retient Olivier Dallot, qui l’a eu sous sa coupe tant au Pôle qu’en sélection du grand Ouest. A six heures du matin, il était le premier sur le terrain. C’était un énorme bosseur. Il savait que le talent ne suffisait pas. Il lui fallait bosser pour développer et conserver ses acquis. Un jour, il m’a demandé d’ajouter de la fonte aux barres d’haltérophilie. De part ses origines iliennes, ce Wallisien était très respectueux des adultes. Sa grosse qualité, c’était son amour pour les duels. Il avait cette volonté de battre son adversaire direct. »

Pilier droit de formation, Setiano, licencié à l’UST, fait les beaux jours de Touraine Plus durant trois ans. « Pendant une mi-temps, nous rivalisions avec le Racing et Massy notamment, se souvient Dallot. Après, c’était plus dur. »  Parmi ses collègues du moment figurait entre autres Mathieu Tanguy, actuel deuxième ligne de la Rochelle.

Tout a basculé à Tours

« Pour lui, prétend Kevin, de deux ans son aîné, qui évolue comme troisième ligne à Nantes, tout a basculé lors de son passage à Tours. Jusque là, il avait un peu tendance à se laisser aller. Au Pôle Espoirs, il a subitement fait attention à tout, nutrition, musculation et forme

Deuxième garçon d’une famille de cinq enfants, dont les parents sont nés à Wallis et Futuna, Emerick tient le rôle de grand frère. J’y tiens quand je suis à la maison, avoue-t-il. Ne pas être grossier, être respectueux et irréprochable, telles sont les priorités de ce garçon catholique pratiquant.

Après son passage à Tours, Setiano partira à Toulon. En deux saisons, il totalise vingt quatre apparitions en équipe fanion. Ne passant jamais inaperçu, il suscite vite l’intérêt de l’encadrement tricolore. Avec pour premier tremplin une convocation chez les Barbarians, en novembre 2017. Puis le mardi 18 juin, Jacques Brunel, le sélectionneur, le couche dans la liste des 37 pour la Coupe du Monde (20 septembre-2 novembre) au Japon.

Certains le qualifient d’invité surprise. Sûrement pas Marc Dal Maso en tout cas. L’ancien talonneur international et entraîneur au RCT avait détecté chez Setiano des qualités prometteuses. « Il a toutes les qualités du pilier moderne, reconnaissait voici quelques temps le Landais. Une grosse capacité à défendre, à se déplacer et il est solide à l’impact. S’il continue, il sera en équipe de France. » Bien vu Dal Maso.

Cette étonnante trajectoire n’émeut guère le natif d’Angers. «  C’est un objectif qui se réalise, confesse Setiano. Vous savez quand on parvient à évoluer en Top 14, c’est déjà un premier palier important avant d’envisager plus haut encore, éventuellement… » Durant l’été, Brunel lui offre trois sélections devant l’Ecosse, puis l’Italie. Reste maintenant à jouer la Coupe du Monde.

A Tours, Pascal Sassi et Olivier Dallot, les premiers à lui avoir mis le pied à l’étrier, n’attendent plus que cela pour adresser des messages de félicitations à Setiano, l’ambassadeur de l’UST au Japon.

BERTRAND BOURGEAULT