L’UST assure le service minimum

Dix sept points en dix sept minutes, en début de seconde mi-temps, ont suffi aux Tourangeaux pour s’imposer au Mans (17-7). Voilà tout ce qu’il faut retenir, tellement le reste a été décevant.

Franck Cohen se montre d’habitude clément à l’égard de ses joueurs. Son discours se veut protecteur. S’il a des mots durs, il les garde pour l’intimité du vestiaire. Au Mans, après la copie bien pâle rendue par ses hommes, huit jours après celle déjà insuffisante face à Auray à Tonnellé, l’entraîneur de l’UST a grondé. « C’est incompréhensible, fulminait-il à chaud. La semaine dernière, nous passons déjà un peu au travers. J’attendais une réaction au Mans, elle n’est pas venue. D’entrée, j’ai vu la différence entre des blancs (NDLR : Le Mans), qui prenaient le ballon lancés et des bleus, qui récitaient leur jeu sans un soupçon d’agressivité. Je retiens qu’après leur avoir tiré les oreilles à la mi-temps, nous avons eu les ressources derrière pour aller chercher la victoire. »

Jamais, depuis le début du championnat, les Tourangeaux n’avaient viré avec un zéro pointé au tableau d’affichage. Il y avait bien eu trois points à Poitiers (12-3) et sept devant Auray (7-15), tiens, tiens… Cela traduirait-il une baisse de régime ou un passage à vide ? Jamais, aucun point au planchot pour l’UST !Tout arrive. Au Mans, pour le premier derby des rillettes, en rugby, les coéquipiers de Thomas Rougebec, finalement titulaire car Etienne Sebillet, malade, avait dû renoncer, ont connu semblable mésaventure.

Se décidant à réduire son jeu dès le reprise, Tours bousculera alors le paquet sarthois allant deux fois à dame par Balmens (46e), l’un des rares à n’avoir rien à se reprocher, et Breil (49e). La botte de Rivière, auteur de deux transformations et une pénalité (57e), fera le reste (17-7). Après seulement dix sept minutes de jeu, l’UST remettra les mains en haut du guidon. Et plus rien jusqu’à la fin… D’où les interrogations de Cohen.

« On ne peut pas subir et ne rien dire »

« Je suis terriblement déçu, avouait l’ancien Orléanais. « Nous avons la chance d’avoir un bon groupe, se félicite le coach, j’ai du mal à comprendre qu’ils n’aillent pas chercher à prendre un peu plus de plaisir. Il faut qu’ils réagissent, qu’ils se bougent. Après s’il y a des choses, qui ne vont pas, il faut le dire. S’il y a deux prestations aussi faibles, c’est peut-être la preuve qu’il y a des détails, qui ne vont pas dans l’organisation collective. Il faut les changer, mais on ne peut pas subir et ne rien dire. » Et Cohen de sortir de ses gonds et de tirer la sonnette d’alarme.

« Derrière, nous avons été incapables de jouer au rugby et, devant, nous faisons des mauls improductifs. En continuant ainsi, nous risquons de perdre des points même à la maison. Il est temps de réagir. Lors des deux matches, je ne pense pas qu’ils aient pris du plaisir. Nous sauvons les meubles, mais ce n’est pas satisfaisant.» Si Dubus (42e, 60e) puis Morizot (65e) n’avaient pas vendangé neuf points, Le Mans serait revenu sur les talons de l’UST, réduite à quatorze après la sortie de Grelle (74e). Manquant d’oxygène, les Tourangeaux ont eu toutes les peines du monde à préserver le résultat.

« Nous manquons d’humilité…»

« Les Manceaux n’ont pas à rougir de leur défaite, estimait Cohen. Ils méritaient le bonus défensif, voire la victoire. Le rugby est un sport où il faut de l’humilité. Or, je pense que, depuis un moment, nous en manquons. Parfois, nous faisons preuve de suffisance. Devant Auray et au Mans, nous perdons deux points, qui peuvent nous manquer sur la fin pour aller gratter une place. C’est incompréhensible ou alors c’est la preuve que nos absents nous manquent plus et, alors, tous ceux qui ont leur chance actuellement resteront à la maison, quand les blessés rentreront. Je n’ai pas vu de joueurs qui essaient de réveiller les autres, j’ai plutôt l’impression que nous nous cachons les uns derrière les autres. Certes, il n’y a pas le feu, car nous sommes seconds, mais attention…il va falloir changer de comportement. »

Malgré la victoire, Rougebec, pour sa part, ne pavoisait pas. « Ce devient inquiétant, admet le capitaine de l’UST. Nous réalisons deux prestations médiocres, très loin de ce que nous sommes capables de faire. Il est urgent de se poser les bonnes questions. Derrière, avec les blessés, il y a pas mal de turnovers et cela met un peu le bazar, avance-t-il. Il faut arriver à se trouver et être plus pertinents dans nos choix. En étant parfois moins spectaculaires mais plus efficaces, comme nous l’avons fait à la reprise. Simplement, il faut savoir le desceller plus vite et être capables de le mettre en place. »

Avec treize points sur quinze, en trois rencontres,Tours accuse un léger déficit. L’an passé, le club s’en serait contenté, mais, cette saison, l’UST est de nouveau ambitieuse. La coupure, avant la venue de Saint Malo, à Tonnellé, le 8 décembre et le déplacement à la Baule, le 15, est la bienvenue. Histoire de se remettre les idées en place.

BERTRAND BOURGEAULT

Le Mans – Tours : 7-17 (7-0). Arbitre Guillaume Danoy (Ligue Ile de France).

Le Mans : un essai de Barkhausen (30e). Une transformation de Dubos.

Tours : deux essais de Balmens (46e) et Breil (49e). Une pénalité (57e) et deux transformations de Rivière.

Carton blanc. Tours : Grelle (74e).

Tours. B. Ledoux – Etamé (Lebrault, 46e), Balmens, R. Ledoux (Pionneau, 53e), Perchais – (o) Rivière, (m) Mery (Giffard, 69e) – Raguin (Breil, 41e), Soulié, Guillemet – Girardeau, Taylor (Lépine, 60e) – Grelle, Ravilly (Chartrin, 53e), Rougebec (cap, Gabory, 53e).

Neuvième journée :

Chinon – Fougères 34-22

Auray – Saint Malo 21-14

Trignac – Saint Nazaire 23-18

Plouzané – Poitiers 19-20

La Baule – Angers 34-6

Le Mans – Tours 7-17

Classement. 1. La Baule 36 pts; 2. Tours 34; 3. Poitiers 32; 4. Trignac 28; 5. Saint Nazaire 27; 6. Saint Malo 23; 7. Chinon 23; 8. Plouzané 15; 9. Le Mans 12; 10. Auray 12; 11. Angers 8; 12. Fougères 5. (Le Mans et Poitiers, un match en moins).

Prochaine journée (dimanche 8 décembre) : Fougères – Auray, Tours – Saint Malo, Saint Nazaire – Chinon, Poitiers – Trignac, Angers – Plouzané, Le Mans – La Baule.