Joël, le gardien du Temple

Une simple médaille, c’est peu et beaucoup à la fois. Dans la vie d’un simple bénévole, cette gratification peut procurer un immense bonheur. C’est le cas pour Joël Sourdais, fidèle serviteur de l’UST depuis maintenant trente ans. Sur proposition de Bernard Laporte, le président de la FFR, il a été demandé aux clubs de fournir le nom d’une personne à honorer. Et là, celui de Joël a été retenu à l’unanimité. Le jeudi 5 décembre dernier, Hugues Sollin, le secrétaire de l’UST a donc conduit Joël à Olivet, au siège de la Ligue du Centre Val de Loire. Des mains de René Prigent, le président, l’ami Sourdais s’est vu remettre une médaille de la FFR, qui, désormais, est accrochée au mur de sa cuisine, dans son appartement de la Place Sainte Anne à la Riche.

« Je suis très heureux et très fier que le club ait songé à moi, avoue le discret Joël, qui fêtera ses 65 ans le 28 février. Le rugby, c’est ma passion depuis ma tendre jeunesse et l’UST est devenue ma seconde famille au fil des ans. J’y suis arrivé en 1990, alors que Bernard Coutant était encore président et Charly Pichonnière, entraîneur avec Loïc Martin. Ensuite, j’ai connu la période faste de la Pro D2 et de la Fédérale 1. Je m’en souviens très bien », précise Joël, intarissable quand on lui parle de l’UST. Ecoutons-le narrer sa vie et évoquer ses souvenirs.

Villepreux, son idole

« Je suis un pur Tourangeau. Très jeune, Marc, mon père m’a filé la passion du rugby. Pierre Villepreux était mon idole. J’adorais ce joueur. Avec papa, nous allions fréquemment voir le XV de France à Colombes. Avec les Gachassin, les Boniface, les Cambérabero. Plus tard, nous allions soutenir mon équipe préférée, le Racing des Mesnel, Blanc, Serrière, Tachdjian, Paparemborde. »

Sportif éclectique, au retour de l’armée, Joël s’adonnera au cross country, puis à la course à pied au club de Reugny, où il était un adepte des 20km. Il a aussi pratiqué les arts martiaux et fait du vélo sur route et du vtt. D’abord maçon, Joël a vite travaillé comme régleur chez Métadier, dans un laboratoire pharmaceutique. Puis chez Baxter à Joué les Tours. Avant d’entrer à l’entr’aide ouvrière à Chambray.

Son arrivée à l’UST remonte aux années 90. « Cela s’est fait par hasard, souligne ce célibataire endurci, retraité depuis deux ans. Un jour, comme je recherchais une chambre, j’ai atterri au Drop, un bar de la Riche, qui appartenait à Dji, le frère de Kader. Il m’a trouvé un logement. Quelques jours après, en tant que président des supporters, il m’a demandé si j’étais intéressé pour devenir bénévole à l’UST. » Voilà comment Joël a débuté. « A l’époque, je faisais uniquement du nettoyage. Le dimanche, je filais un coup de main dans la préparation des repas. Comme l’ambiance m’a plu, je suis resté bénévole depuis cette période. » Toujours en retrait, mais toujours prêt à rendre service, Joël a gagné l’estime de tous. Au point de prendre du galon et de devenir un rouage essentiel.

« C’est le bénévole dont toute association rêverait, reconnaît Dominique Ledoux, le vice président de l’UST. Jamais un mot plus haut que l’autre. L’homme de l’ombre, d’une rare disponibilité et efficacité. La fiabilité même. Il ne rechigne pas à la tâche et n’attend jamais rien en retour. Au club, il est omniprésent. C’est le gardien du Temple. » Voilà comment Joël est devenu indispensable.

Un trousseau d’une trentaine de clefs

« Le matin, précise-t-il avec fierté, je suis le premier arrivé vers 8h30. Comme j’habite toujours Place Saint Anne à la Riche, je viens à pied. Quatre fois par jour, je fais le trajet de 900m. J’ouvre les portes, rigole-t-il en agitant malicieusement son imposant trousseau fort d’une trentaine de clefs et je me mets au travail. Je n’ai besoin de personne. Je sais ce que j’ai à faire. » Entretien, rangement, inventaire et commande de fournitures sont le quotidien de ce super bénévole, qui ferme les portes du stade après les derniers entraînements. Ami de tous, il prend plaisir à dîner le jeudi soir avec les joueurs. Le lendemain matin, peu regardant sur ses heures, il leur fait la vaisselle.

« Il nettoie comme si c’était lui, témoigne admiratif Régis Radureau, le responsable de la communication. On pourrait manger par terre tellement cà brille. »

D’année en année, Joël établit son planning en fonction du calendrier. Pour rien au monde, il ne manquerait un déplacement. Et cela depuis des lustres. Après avoir connu les hauts et les bas avec l’UST, Sourdais attend beaucoup de la fin de saison. « Après une période difficile, le club s’est restructuré. Cette année, nous avons une bonne équipe, maintenant il faut grimper en Fédérale 2. On va y arriver. J’espère, de tout cœur, que cela va se concrétiser. »

Voilà le vœu pieux de ce fidèle serviteur, loin d’être parfait cependant…

« Le seul reproche que l’on pourrait lui faire, précise un proche désireux de garder l’anonymat, c’est qu’il ne conduit pas. Dommage. » Pourtant, parfois, cela arrangerait bien Dominique Ledoux, en charge de la conduite du minibus tous les dimanches, si Joël pouvait le relayer et prendre le volant..

BERTRAND BOURGEAULT