Floirac (Gironde)
Pour fêter dignement ses 120 ans, Tours rêvait d’une montée en Fédérale 2. En s’inclinant lourdement à Floirac (42-15), en 32e de finale aller, dans la banlieue bordelaise, les coéquipiers de Thomas Rougebec ont sérieusement hypothéqué leurs chances, mais tout espoir n’est pas perdu. Il leur reste une semaine pour se remettre la tête à l’endroit et réaliser une impossible remontada dans l’antre de Tonnellé…
Dans le couloir du vestiaire, la désillusion se lisait sur tous les visages. Chacun avait le masque. On n’entendait pas une mouche voler.
Tandis qu’il tapotait sur son portable pour découvrir les autres résultats, Benoit Sebillet, très déçu, ne maniait pas la langue de bois. « On est tombé sur une équipe, qui nous a été largement supérieure, analyse le président de l’UST. Ils nous mettent six essais à deux. Nous n’avons pas été agressif, on s’est fait trouer en défense. Au talonnage, on n’avait pas de doublure. Marmier était blessé et quand Alexandre (Couté) sort, touché à l’épaule, Etienne (NDLR: son fils) est obligé de rentrer. Cette sortie a complètement désorganisé notre secteur en touche. On a dû bricoler et à l’arrivée on perd cinq ballons sur nos lancers. On ne peut pas en vouloir à Thomas (Rougebec). On ne s’improvise pas lanceur. »
Cette argumentation n’explique pas tout. « Ils ont plus un matériel de Fédérale 2 que nous, s’empresse d’ajouter le président Sebillet. L’an passé, on était monté sportivement…cette fois, la chance ne nous a pas souri. Les oppositions ne sont pas toujours favorables. Il faut être réaliste. La poule girondine est plus forte que la nôtre. Ne nous voilons pas la face, le score reflète la physionomie de la partie.»
Un à un, les joueurs sortaient de la douche. « On est passés complètement à côté », résume le numéro 8 Jean-Baptiste Lépine. « On a été nul », assène Jérémy Dioton très en colère. Et pourtant tout avait bien commencé. Théo Bonnefoy ouvrait le score sur pénalité (3-0, 5e). Il sortira au bout de vingt minutes, après avoir pris un sérieux coup à la mâchoire sur un plaquage haut. Puis le puissant centre Noguez déchirait en force le rideau défensif (7-3, 8e). Tours souffrait face à un paquet adverse nettement plus costaud mais reprenait des couleurs grâce à un essai en coin de Lebrault (8-7, 17e), superbement alerté par ce diable de Dioton. C’est alors que les affaires devaient se gâter…
Privé de ballons, aux abonnés absents en défense, Tours, sous pression, était sans arrêt sur le reculoir. Au point d’encaisser trois essais avant la pause. L’arbitre sortait un jaune pour Biet coupable d’un en avant volontaire (28e) et n’hésitait pas à accorder un essai de pénalité. C’était la double peine. L’addition se corsait (28-8).
Au bout de dix sept secondes dès la reprise, nouvel essai sur une mauvaise réception (35-8). Dans la foulée, la défense se faisait passer en revue (42-8, 43e). On pouvait alors craindre le pire. C’est là que les Tourangeaux connurent un sursaut d’orgueil. Ils n’encaissèrent plus aucun point jusqu’à la fin. Maigre consolation. Giffard (60e) se vit refuser un essai. Sur la fin, Tours était récompensé de ses efforts. Paul Lebrault, l’un des rares à s’être montré à la hauteur, allumait une relance à 22 mètres. Au prix d’un slalom étourdissant, l’arrière tourangeau signait le plus bel essai de la rencontre (42-15).
Malgré l’ampleur du score et une victoire bonifiée de Floirac, Benoit Sebillet s’efforçait néanmoins de conclure sur une note optimiste. « Sur un coup de folie, avec un public en feu, on peut y arriver. Pourquoi pas ! » Désormais, la réponse appartient aux joueurs. Après avoir montré un piètre visage en Gironde, ils se doivent de redresser la tête. La balle est dans leur camp. S’ils ont de l’orgueil, c’est à eux de le montrer. Sinon, ils seront en vacances.
Bertrand Bourgeault