Natif de Tours, Christophe Courtillé, 51 ans, a signé sa première licence à l’UST en 1979. Ce solide talonneur a joué jusqu’en 1996. D’abord éducateur à l’école de rugby en 1983, il sera ensuite entraîneur adjoint de Romain Huet en 2015-2016, alors que l’équipe évoluait en Fédérale 2, avant d’épauler Matthieu Coulon comme responsable de la réserve. Cette saison, ce fidèle serviteur de l’UST a pris les rênes de l’équipe d’excellence B, aidé dans sa tâche par le passionné Théo Bonnefoy, qui, blessé à un genou, a dû mettre de nouveau sa carrière sportive entre parenthèses.
Même si sa vie professionnelle l’amène à partir tous les matins – sauf le mercredi – aux aurores de Saint Pierre, où il réside, pour monter dans le premier TGV en direction de Paris Montparnasse, dès 6h20, et, ensuite, rallier Montreuil en moto, vers 8h, où il exerce comme professeur des écoles en Seine Saint Denis. Le soir, après être de retour vers 18h30, direction Tonnellé, deux fois par semaine. Pour rien au monde, il n’abandonnerait cette vie trépidante. Entamée voici quarante ans, l’aventure entre Christophe et l’UST n’est pas prête de s’achever. C’est sa vie et son moteur.
Cette saison, Courtillé se régale. L’homme n’a pas pour habitude de manier la langue de bois. Aussi, il rend hommage à Franck Cohen et Sébastien Velez, dont les arrivées ont changé la donne. A Benoît Sebillet, le président, ainsi qu’à tous les dirigeants, qui mouillent le maillot afin que joueurs et entraîneurs ne manquent de rien. Courtillé le clame haut et fort « il fait bon vivre à l’UST ». Ce n’est pas un hasard si la réserve occupe, à la trêve, la deuxième place derrière Saint Nazaire. Entretien.
Quel bilan dressez-vous à mi parcours ?
Christophe Courtillé (entraîneur de la réserve). Je suis très satisfait des garçons. Contrairement à la saison dernière, où nous avions l’envie mais en étant trop restrictifs, cette année, nous avons un volume de jeu assez important. Il me semble que nous arrivons à développer un jeu, qui s’apparente à celui produit par la première. Tout confondu, nous avons un groupe d’une quarantaine de joueurs aux entraînements. C’est nouveau et, bien évidemment, les résultats suivent.
Comment expliquez-vous ce changement d’état d’esprit ?
C.C. Je sens que les joueurs sont plus concernés et qu’ils ont envie de participer à l’aventure. Quand un groupe vieillit, il s’essouffle, les discours sont moins écoutés et, sans vouloir critiquer personne, nous en étions arrivés là à l’UST. Avec la nomination de Franck (Cohen), comme responsable du rugby, les garçons ont adhéré au projet de jeu. Les coachs sont au service du groupe. On sent que c’est du haut niveau. Ils ont su remettre le joueur au centre du dispositif. Cette modification d’importance se répercute sur le terrain.
Pouvez-vous développer votre argumentation ?
C.C. Il ne faut pas oublier également le travail accompli par les dirigeants et leur accompagnement. Je vous donne un exemple. A mon époque, la réserve ne mangeait pas le dimanche midi au restaurant. Maintenant, tout le monde est traité de la même façon et, au niveau des équipements, reçoit les mêmes dotations. Preuve que la réserve n’est plus considérée comme la cinquième roue du carrosse. Bref, dans ce club, il fait bon vivre. Pour nous, un intendant comme Kader (Kéfif) est une mine d’or. Les garçons y sont sensibles et sont heureux d’être ensemble.
Quelle est votre satisfaction majeure ?
C.C. Aux côtés des anciens comme Guillaume (Caillé) ou Julien (Guerche), j’ai la chance d’avoir un groupe jeune. D’une moyenne d’âge de 22-23 ans. Du coup, la réserve remplit son véritable rôle. Elle est devenue l’antichambre de l’équipe première, même si nous ne sommes qu’en Fédérale 3. Du coup, l’apport d’un réserviste, appelé en équipe fanion, ne baissera pas le niveau de jeu de l’équipe.
Dans quel secteur faut-il s’améliorer ?
C. C. Nous utilisons les joueurs du cru. Cela me plaît que l’on fasse appel aux juniors du club, tels Guillemet, Raguin, Lavergne et d’autres. Tout le travail fait en amont n’est pas vain. Il faut persévérer dans ce mode de fonctionnement et continuer à dénicher et former des jeunes pour la réserve et, dans le futur, pour la première. C’est capital de poursuivre ce travail en profondeur.
Quel a été votre match le plus abouti ?
C.C. Celui de Poitiers (15-14). Nous n’y avions pas gagné depuis six ans. Ce soir-là (le match avait lieu en nocturne sous une pluie diluvienne), nous n’avons rien lâché et nous finissons par l’emporter dans les arrêts de jeu. C’est bizarre, parfois, nous faisons d’excellentes prestations, mais d’autres fois, nous sommes absents. Comme au Mans, où nous avons touché le fond. Un match à oublier. Mieux vaut que cela arrive à cette époque de la saison.
Individuellement, si vous deviez ressortir un joueur, de qui parleriez-vous ?
C.C. En règle générale, je privilégie toujours le groupe, mais je dois avouer qu’un élément comme Simon Blanchard est un exemple. Toujours présent, toujours prêt à rendre service. C’est un type charmant. Thomas Chevereau tient aussi un rôle important.Après, j’ai mes relais sur le terrain tels Emile Tirmarche, Germain (Ribbes), Antonin (Thibaut), Julien (Guerche) ou Guillaume (Caillé).
Vous êtes-vous fixé un objectif ?
C. C. Tout d’abord se qualifier pour les phases finales, puis passer au moins deux tours. J’aimerais que nous finissions sur une meilleure note que la saison dernière. Je n’avais pas aimé notre sortie, par la petite porte, devant Gujan Mestras (43-17) en 32e de finale. Il faudra faire un effort et éviter de prendre quarante grains. A moi d’être plus clair dans mon discours.
Propos recueillis par BERTRAND BOURGEAULT