Barré : «Je resterai proche du club, je ne serai pas loin… »

L’histoire de Pierre Alexandre Barré et de Jérémy Dioton est intimement liée. Tous deux sont arrivés, en 2003, au Lycée Vaucanson, au centre de formation. Très potes, ils espéraient se retirer en même temps. Pour des raisons différentes, l’histoire ne se terminera pas comme souhaitée. Dimanche après midi, ils seront tous les deux en tribune, alors qu’ils auraient tant aimé être sur le pré avec le maillot de l’UST. Avec le numéro 13 et le numéro 9 dans le dos.


« Je n’aurai pas droit à mon dernier match à Tonnellé »
«  C’est fini pour moi, confesse Pierre Alexandre Barré. Depuis la finale de 2017, j’y réfléchissais. L’an passé, nous avons connu une belle saison. Cette année, cela a été plus compliquée. Pour le groupe, mais aussi pour moi. En septembre, je me suis marié avec Marie Ange, j’ai donc repris tardivement. A Montluçon, mi-octobre. Par la suite, en raison de petits bobos à répétition (adducteurs, genou), j’ai joué les intermittents du spectacle.
Si je compte bien, tout juste neuf feuilles de match et une fois remplaçant. C’est loin de ce que j’espérais. Et pour terminer, je me fracture le pouce de la main gauche contre Chinon. Je dois voir un chirurgien le 24 avril. Du coup, cela m’a privé des dernières rencontres. A mon plus grand regret, j’ai manqué la fin de saison. Comme je suis un compétiteur dans l’âme, c’est très dur d’arrêter dans ces conditions. Je n’aurai pas droit à mon dernier match à Tonnellé. Je me console en me disant que mon club est en passe de réussir sa reconstruction. Financièrement, c’est bien parti. Il faut désormais que le sportif suive.»

« Retrouver les copains va me manquer »
A 32 ans, Pierre Alexandre s’apprête donc à tourner la page. « Le rugby va me manquer, c’est certain, assure cet expert en assurance. Je pense que le terrain, j’en ai fait le tour, c’est tout ce qui gravite autour qui risque de me manquer. Retrouver les copains le soir, être avec eux le dimanche… Le rugby m’a tout donné, c’est un formidable lien social. C’est assurément une page qui se tourne, mais je le vis bien.
Je m’étais préparé, je sais que mon avenir sera bien aussi. Tout ne s’arrête pas. Prochainement, je vais être papa. J’attends cet événement avec impatience. Je ne serai pas loin de Tonnellé. A l’avenir, je viendrai voir les matches, je vais essayer de m’investir dans le club. Sûrement pas l’année prochaine, mais d’ici quelques temps. Je ne ferme la porte à rien… J’ai énormément de respect pour cette vieille dame de 120 ans, ce club restera à jamais plus grand que les personnes qui passent que ce soient les joueurs ou les dirigeants. »
Désormais, Barré va profiter de la vie. Avec ses amis Fabien Petit, Max Pluviau, Kevin Chaudun, Geoffrey Lallemant et, bien sûr, Mimi Dioton. il s’adonne déjà au badminton. Plus un peu de course à pied histoire de s’entretenir. Preuve que le rugby s’éloigne peu à peu. C’est la vie.
Lors de ses interminables soirées avec ses copains, quand il refera le monde, il se rappellera les bons moments d’une carrière bien remplie. « Jouer avec les potes, çà n’a pas de prix », répète-t-il souvent à l’envi.

« Toucher le bout de bois m’aurait bien plu »
Barré, originaire du Mans, se souviendra qu’il a attaqué le rugby dans l’Orne à Alençon, où il jouera jusqu’en cadets. Le Lycée Vaucanson et son pote Dioton l’accueilleront en 2003. Après le passage à Touraine Plus, Pierre Alexandre, à 18 ans, découvre, en 2006, la Fédérale 2 sous les ordres de Martial Carrière et Eric Lebourg. « J’ai beaucoup appris au contact de joueurs fabuleux comme Guillemet, Paulien, Malou, Violle. Nous avions une équipe de rêve, c’était ma première saison en seniors. Nous perdons en demi finale contre Vendres Leognan (12-0) et accédons en Fédérale 1. »
Après avoir débuté à l’aile, il glissera à l’arrière, avant de se fixer au centre. « J’ai pris beaucoup de plaisir à ce poste, reconnaît-il. Tu es plus concerné par le jeu, tant offensivement que défensivement et cela m’a plu. »
Si, lors de la saison 2016-2017, l’UST dispute et perd la finale contre Périgueux (46-6), le meilleur souvenir de Barré reste toutefois « la demi finale, jouée à Vichy, dans un superbe stade, contre Vinay (19-18). L’ambiance était incroyable. » Jamais rassasié, même si, en treize ans à l’UST, il a tout connu de la Fédérale 1 à la Fédérale 3, Barré regrette de n’avoir jamais été champion de France. « Toucher le bout de bois m’aurait bien plu… . »
Qu’il se console des grands noms du rugby français comme Jo Maso, Pierre Albaladéjo ou Walter Spanghero ne l’ont jamais été… Ainsi va le rugby, Pierra.

BERTRAND BOURGEAULT