Arbona: « Cà m’a replongé dans ma jeunesse… »

Moment inoubliable de bonheur pour Jacky Arbona, le doyen du club, 94 ans. Dimanche, il était l’invité d’honneur de l’UST pour le derby face à Poitiers. Heure par heure, nous vous racontons le film de cette journée et son ressenti.

12h15 : il remet les maillots

Sapé comme un milord, Jacky Arbona arrive à la Brasserie du Botanique. Il monte sans souci la dizaine de marches. A l’intérieur, il retrouve le président Sébillet et les deux entraîneurs, Julien Darthevel et Franck Cohen. Petit kyr en apéro. Les échanges commencent. «  Ca me rajeunit, seront ses premiers mots. Je vous remercie d’avoir pensé à moi. J’en suis très heureux. » Et Jacky de remonter le temps. « A Tonnellé, j’ai joué contre Lourdes et le grand Jean Prat, raconte-t-il à Franck Cohen. Il avait joué la finale à Paris et le lundi soir, il avait pris la modeste équipe de Tours très au sérieux.»

Au moment de remettre le maillot numéro 7 à Kevin Breil, très ému, Jacky verse une larme « C’était le mien », se souvient-il. Puis il interroge Rémy Perchais et lui demande son âge. « Tu as 18 ans, c’est l’âge où j’ai débuté en première à l’arrière. »

12h 45: les retrouvailles avec Jamin

Crochet obligatoire par le club-house. « Espace superbe. Quel bar! Nous n’avions pas cela… » Jacky retrouve les anciens Pierrot Jamin, Raymond Pechon, Claude Thuillier et des visages anonymes. « Tout le monde m’appelle Jacky, même ceux que je ne reconnais pas » s’étonne-t-il. Pechon lui remémore les déplacements dans sa DS. « C’était un grand moment », souligne Pechon.

 

13h : repas avec 180 couverts

Sans jouer les anciens combattants, il évoque son époque. « De mon temps, commente-t-il, cela n’existait pas. Le dimanche, nous mangions en famille. N’arrivant à Timbror (il ne dit pas toujours Tonnellé) que vers 14h. Nous ne déjeunions ensemble entre dirigeants qu’en déplacement. Assis à table aux côtés de Jean Charles Pichonnière et Bernard Alexandre, deux anciens des années 70, Jacky se régale avec la pipérade. « C’est excellent, c’est chaud. Le service est impeccable. Je suis admiratif devant l’organisation. »

14h45: il monte en tribune

Le pas alerte, Jacky fait le tour du terrain. « Ca me fait drôle, confesse-t-il. Je revois l’usine, la tribune en bois, je sortais par derrière. » Les images défilent et Jacky nous les fait partager. Au loin, il aperçoit les logements autour du terrain. «  Je ne me reconnais plus, ca me fait drôle, je ne suis plus chez moi… » En tribune, il prend place avec Bernard Alexandre et Jean Louis Vacher, l’ancien basketteur international de l’ASPO Tours. Ils évoquent son ami Jean Swidzinski. Avec une étonnante mémoire des noms.

 

15h : il pousse derrière l’UST

Première découverte, une femme au sifflet. «  De mon temps, c’était inimaginable ». Tours domine, mais ne marque pas. Jacky s’agace. « Ils ont raté le coche à deux reprises. Sans buteur, tu ne peux gagner. Je vais devoir aller buter » lance-t-il en plaisantant à Alexandre. Lacroix égalise, Jacky est soulagé. « Nous ne méritions pas de perdre, avoue-t-il à Franck Cohen à la fin du match. J’ai apprécié la vivacité et le cœur de cette équipe. Pour mon retour au stade, je me suis régalé. »

 

17h : il félicite les joueurs

Jacky entend partager cette journée jusqu’au bout avec les joueurs. Il ira dans le vestiaire pour les féliciter, leur lançant en rigolant « je viens prendre ma douche ». Une poignée de main par ci, par là, une tape sur l’épaule, Jacky retrouve sa jeunesse et son côté dirigeant. Il discute avec Nicolas Boucavel, Bastien Biet, Paul Girardeau. Avec toujours un mot gentil.

Jacky ensuite pousse la porte de l’ancienne salle de réception, sous la tribune et découvre la salle de musculation. «Une salle de torture, ca n’existait pas à notre époque.On est dans un autre monde. »

 

17h30 : il part pour mieux revenir

La journée a été longue. La fatigue commence à se faire sentir. Après avoir hésité, Jacky évite le club-house. « Allez on rentre » me dit-il. Il me charge de remercier tout le monde. « Cette journée m’a replongé dans ma jeunesse. Cela me fait un bien fou, parfois cà me paraît loin, parfois c’est très proche. Curieux comme sentiment. Tu vois. Quand je vais rentrer à la maison, Simone (sa femme) va me dire. A ton âge (sic), ca y est, te voilà reparti… ce n’est ps raisonnable»

Et Jacky d’éclater de rire. A notre tour de le remercier d’avoir pu vivre en sa compagnie cet immense moment de bonheur. Voir un ancien aussi heureux de partager n’a pas de prix. Ce sont les vraies valeurs du rugby. Merci encore Jacky. A une prochaine, car je sais que tu reviendras à… Timbror.

Bertrand Bourgeault