Faye : «  Ca ne se termine pas comme je l’avais envisagé… »

Avec Fabien Petit, Jérémy Dioton, Pierre Alexandre Barré, Maxence Daguy et Thomas Rougebec, Jean Marie Faye, le puissant deuxième ligne (1,84m, 102kg) de l’US Tours, originaire de Poissy, fait partie du noyau dur des anciens, sacrés vice-champions de France en 2017. Sans oublier des cadres plus jeunes comme Bastien Biet, Charles Taylor, Paul Girardeau et Aymeric Grelle. La liste est longue et non exhaustive. Dimanche, à l’occasion de la venue de Guéret, Faye, à 34 ans, mettra un terme à sa carrière. Ecoutons le…


«  Hélas, cela ne se terminera pas comme je l’avais envisagé, avoue-t-il à regret. J’aurais préféré être acteur au lieu d’être spectateur. Les aléas du sport en ont décidé autrement. Contre Blois, lors de la dernière action, en plaquant un adversaire, son pied m’est arrivé dans le visage. Résultat, fracture du plancher orbital droit et trois mois d’arrêt. Heureusement, il n’y a pas enfoncement et j’évite l’opération. »

Stopper sa carrière n’est jamais un moment évident à vivre. Faye en convient. « A La Châtre, lors du dernier déplacement, j’ai accompagné mes copains, raconte-t-il. J’étais avec eux, en jean, lors de l’échauffement. J’avoue avoir pris un coup au moral. Les laisser finir sans moi, c’est dur. L’ambiance du vestiaire, le moment où nous enfilons le short et le maillot, où nous nous motivons, voilà sans doute ce qui va me manquer le plus. »

« Je me lève moins facilement »

Sa décision est prise. Jean Marie ne fera pas marche arrière. « Dans le groupe, seul Jean Jacques (Etamé) est plus âgé que moi. Déjà l’an passé, je m’interrogeais et je songeais à arrêter. Cette saison, l’envie n’était plus aussi forte. Je me suis senti fatigué et puis, j’ai désormais d’autres centres d’intérêt. Simon, mon fils, a quatre ans. Le dimanche, je me lève moins facilement et je vieillis. L’heure est venue d’arrêter. Je ne rejouerai plus, je passe la main. Je tourne la page, je ne suis pas dans l’optique d’entraîner. Ce n’est pas mon truc. Cependant, je ne resterai pas inactif, je vais m’entretenir, car, sinon, je vais vite monter à 120 kilos. »
Avant de tourner définitivement la page, Faye jette volontiers un œil dans le rétro. Sur sa vie, son arrivée à Tours, à l’UST et évoque ses meilleurs souvenirs.

« J’étais violent »
« Etant môme, j’ai débuté par le foot à Andrésy dans les Yvelines, précise-t-il, mais, très vite, j’ai dû m’orienter vers le rugby, car j’étais trop violent.» A treize ans, il débute à Triel, avant de débarquer en Touraine avec ses parents. Il habitera Loches et ira à Joué en jeunes, avant d’être repéré, en 2002, par l’UST pour pratiquer en juniors. Rapidement, il opére en troisième ligne aile. Son premier entraîneur, en réserve, sera Nicolas Castenet. En 2006, Martial Carrière le titularise en première. « J’avais le sang chaud, se souvient il. Je me battais souvent et je prenais des cartons. Même des rouges. A l’époque où Xavier Guillemet entraînait, j’ai en mémoire un match à Tonnellé contre Orsay. Lors d’une bagarre générale, j’avais mis une boîte à un adversaire, qui allumait un partenaire. J’avais été expulsé. Cela m’est arrivé à trois reprises. »

« Mon club de coeur »
Depuis, en vieillissant, Faye a mis de l’eau dans son vin. « Je me suis bien calmé, rigole-t-il. Vu que je courais moins, j’ai changé de poste, voici cinq ans, pour monter dans la boîte. Comme je poussais, je plaquais et que j’aimais aller au charbon, j’avais le profil du deuxième ligne. » Solide au poste, Jean Marie Faye, par ailleurs responsable commercial dans l’entreprise de matériel électrique Hager, basée à Obernai en Alsace, admet avoir un attachement viscéral avec l’UST « C’est mon club de cœur, assure Faye. J’y suis depuis dix sept ans. Pour rien au monde, je ne le quitterai. J’ai connu quatre relégations financières et, jamais, je ne suis parti. C’est un signe fort. Je suis triste de voir que Tours n’est plus le numéro 1 du comité. »
La fabuleuse saison 2016-2017 et le titre de vice champion de France de Fédérale 3, obtenu après la défaite devant Périgueux (46-6), reste bien sûr le meilleur moment de sa carrière. « Nous avions une équipe magique, commente-t-il. Nous avions terminé numéro 1 national, avec une seule défaite au compteur. Pourtant, nous savions que, financièrement, nous ne pouvions pas monter, mais nous nous sommes dépouillés pour aller au bout. Depuis, des liens très forts se sont crées entre nous et, même après avoir arrêté, nous nous reverrons. C’est une certitude. »

BERTRAND BOURGEAULT