Une page se tournera dimanche pour Julien Darthevel. Pour la dernière fois, ce Normand de 39 ans, originaire d’Avranches, dirigera l’UST face à Guéret. Sans bruit, il passera le témoin à Franck Cohen, son adjoint. Après vingt ans de bons et loyaux services, « Darthos », comme l’avait surnommé son ami Yann Labrit, coupera avec le rugby. Sans la moindre amertume. « Quand tu arrêtes ta carrière de joueur, tu passes de l’autre côté de la ligne blanche, avoue-t-il Cette fois, je vais sauter par dessus la barrière. » Jolie formule. Nul doute toutefois que Julien aura un petit pincement au cœur, mais comme il a choisi de prendre sa retraite sportive, il le vivra bien. Avant de tirer le rideau, Darthevel a accepté de se raconter. Morceaux choisis.
Vingt ans à l’US Tours. « Je suis arrivé en Touraine, à Chateau-Renault, à l’âge de quatre, cinq ans, avec ma mère. J’ai découvert le rugby au collège. Avant de débuter à Vendôme et de débarquer en juniors à l’UST en 1998. Mes premiers entraîneurs ont été Bernos, Falip, Cremaschi et Anturville. J’ai tout de suite accroché avec Jean. Il a beaucoup compté pour moi. Sportivement et humainement, il m’a beaucoup apporté. Il faisait confiance aux jeunes. A 19ans, j’ai débuté en équipe première comme troisième ligne aile et vécu des années merveilleuses avec tous les Palois notamment. En ayant la chance de traverser de nombreuses générations. Aux côtés des Mela, Esterez, Labrit, Lavollée, Lannes, Malou, Boulier, Chauveau, Tian, Botica, Aguirre, Kefu, Moala et j’en oublie. »
23e homme pour la finale de 2001. «A Tours, j’ai tout connu. Le très bon comme les années compliquées. Joueur puis entraîneur, je me suis toujours investi à 100%. Le match à Bourg, en 2001, où nous avions joué et gagné (26-23) devant 8.000 spectateurs reste l’un de mes meilleurs souvenirs, tout comme un déplacement en avion à Nice. Lors de la finale contre Albi à Angoulême, je suis sur la feuille en tant que 23e homme. Je n’avais pas joué. Anturville avait privilégié l’expérience à la jeunesse. Une carrière passe très vite. En 2015, j’ai joué mon dernier match face à Sait Jean d’Angély à Tonnellé, avant de devenir entraîneur pour trois ans. »
Une décision longuement mûrie. «Je suis quelqu’un de très pragmatique. Au bout d’un cycle de trois ans, comme entraîneur, je pense qu’il faut changer. Soit le coach, soit les joueurs. Il faut une certaine émulation. Diriger une équipe demande un lourd investissement. En plus, j’ai joué avec beaucoup, j’ai été leur capitaine, puis leur entraîneur. Mon discours, ils le connaissent. Un phénomène de lassitude peut s’instaurer. Je comprend qu’ils aient envie d’entendre autre chose et voir une autre tronche. Je ne voulais pas faire l’année de trop. Aussi, j’ai longuement réfléchi. En janvier, ma décision d’arrêter était prise. Je l’ai annoncé aux joueurs dernièrement. Arrêter ne me pose aucun problème. Le club ne me pousse pas vers la sortie, puisqu’on m’a même proposé de rester adjoint de Franck. »
Se concentrer à ma vie familiale. « Avec Anne Claire, ma femme, nous venons d’avoir un petit Martin. Du coup, j’ai quatre enfants avec Louis et Alexis, nos jumeaux de onze ans et Agathe, âgée de dix neuf mois. En fait, je n’ai plus envie que mes enfants me racontent leur vie, je veux la vivre avec eux. Le besoin de partager avec ma femme, mes enfants a dicté mon choix. Je me suis tellement investi dans le rugby que, maintenant, je veux me consacrer à ma vie familiale. J’en ressens la nécessité. »
Couper avec le rugby, découvrir d’autres sports et passer à autre chose a été plus fort. Très pris par sa vie professionnelle où il tient, à Joué les Tours, un poste de logisticien dans la société Capail, partenaire de l’UST, Julien ne va pas manquer d’occupation. Alors, bon vent, Julien, dans ta nouvelle vie.
BERTRAND BOURGEAULT
Crédit photo : Vinitake Photography