Après avoir sorti Vierzon (12-8) en seizièmes de finale, les poulains de Robert Bernos prendront le meilleur sur le Stade Poitevin (22-9), en huitièmes. Par la suite, ils leur restera à éliminer Bédarrides (31-22), puis Pamiers (18-16) pour se parer du titre de champion de France devant Limoges (26-20) à Poitiers. Apothéose d’une saison inoubliable.
Vingt deux ans plus tard, trois acteurs d’une saison en or se souviennent. Parole à Hugues Lavollée, le capitaine, Xavier Guillemet et Sébastien Velez. Ces trois hommes seront présents dimanche à Tonnellé. Ecoutons-les. Chacun en conserve un souvenir totalement différent.
Lavollée « la guerre de l’en-but »
Du match, Lavollée ne se souvient guère, mais, en revanche, il n’a pas oublié un échauffement XXL. « Une guerre d’intimidation à l’ancienne. Avec Robert Bernos et Maurice Camozzi, nous avions affaire à deux entraîneurs coquins, qui connaissaient toutes les ficelles du métier. En sortant du vestiaire, Robert avait pris soin de remonter les pendules avant d’envoyer les remplaçants en repérage pour occuper l’en-but, raconte Lavollée. On ne s’échappera pas, leur avait-il annoncé. Cinq minutes plus tard les Poitevins sortent et viennent au même endroit. Du jamais vu. On se connaissait tous, on se croisait du regard et on commençait à se filer des coups d’épaule. De la folie. On se demandait si on n’allait se mettre sur la figure avant de commencer à jouer. On était totalement déboussolés et, tout d’un coup, je ne sais pas pourquoi, Poitiers s’est échappé pour aller dans l’autre coin du terrain. Ce détail m’a marqué. Voilà ce que je retiens de ce derby. »
Rien à voir pour le futur Dacquois avec les derbies endiablés du sud ouest comme il en a vécu lors des Dax-Mont de Marsan. « C’était la guerre des boutons », s’amuse Lavollée avec le recul.
Guillemet « nous marchions sur l’eau »
Tourangeau de souche, Xavier Guillemet admet qu’un choc face à Poitiers n’est pas un vrai derby. « Nous ne sommes pas du même comité. Poitiers appartient à celui du Poitou Charente et nous du Centre. Alors nos derbies chez les jeunes, c’était Orléans, Châteauroux ou l’US Berry. C’était musclé, il y avait toujours une question de suprématie à régler. Face à Poitiers, il n’y a pas la même animosité que face à Orléans. Avec Poitiers, les échanges, au niveau des joueurs, sont fréquents. Nous nous respectons et les rapports sont cordiaux. Avec Orléans, la passerelle est toujours plus délicate. »
Lors de ce huitième, Guillemet avoue « n’avoir jamais douté », même mené au score (9-3) à la mi-temps. « Je n’ai jamais été inquiet du résultat final. J’étais convaincu que nous allions gagné. Cette saison, nous marchions sur l’eau. Tout nous réussissait et çà basculait toujours de notre côté. Avec Castenet, nous marchions à l’affectif. Nous avions un sacré paquet d’avants et nous étions des combattants déterminés. Au fil des matches, l’appétit est venant en mangeant et nous sommes allés au bout.»
Pour la petite histoire, Guillemet se souvient avoir été, à Blois, huit jours plus tard, avec des copains, soutenir Poitiers face à Clamart en match de barrages. Preuve une fois encore de l’entente cordiale entre les deux clubs.
Velez « l’entraînement du jeudi soir »
« Al’époque, j’étais jeune, confesse Sébastien Velez. Tout ce qui sortait de l’ordinaire nous marquait et Robert (Bernos) avait encore déniché une trouvaille bien à lui. Le jeudi soir, après le boulot, nous étions partis en voiture. Direction Thouars, où nous devions disputer le huitième face à Poitiers. Pourquoi ? Robert voulait que nous nous sentions bien le dimanche, que la notion de terrain neutre ne vienne pas nous perturber. Ils tenaient à ce que nous découvrions les vestiaires, la pelouse, que les buteurs se familiarisent avec le terrain. Il avait pensé à tout un tas de petits de détails, afin que nous ne soyions pas désorientés. Tout était précis, réglé comme du papier à musique. Du grand Bernos. Au retour, nous avions dîné Autour du sport, dans le restaurant de Castoche. Cette année-là, nous vivions en communauté. Nous étions sans cesse ensemble. Sans doute l’un des secrets de nôtre réussite » reconnaît Velez, désormais entraîneur à Bressuire dans les Deux Sèvres.
Bertrand Bourgeault
> La Fiche
Tours – Poitiers: 22-9 (3-9). Arbitre M.Gillet (Périgord Agenais).
Tours: un essai de Castenet (59e). Trois pénalités (24e, 43e, 78e) et une transformation (59e) de Ruiz. Deux drops de Calmels (50e) et Ruiz (73e).
Poitiers: trois pénalités (4e, 36e, 39e) de Ribreau.
Carton blanc. Tours: Bugard (56e).
Tours. Calmels – Chabot, Bugard, Moreau (Vusek, 72e), Praud – (o) Ruiz, (m) Frances – Guillemet, Lavollée (cap), Chauveau – Smitch (Velez, 55e), Labrande – Mateos, Castenet (Guilloteau, 79e),
Techene (Fernandes, 67e). Entraîneur: Robert Bernos
Poitiers. Lematte (Naturel, 68e) – Parrot, Ribreau, Doussin, Passicousset – (o) J. Gilot, (m) S. Gilot (cap) – Bertrand, Moose (Roullier, 79e), Bonesso – Egron, Provot – Carrière, Jaury, Tetrault (Menchon, 48e). Entraîneur: Maurice Camozzi.