C’est Chinon qui sourit et Tours qui pleure…

Voilà en deux mots la leçon à retenir d’un derby indécis de bout en bout et remporté dans les arrêts de jeu, samedi par Chinon devant l’UST (20-18), au stade Raymond-Bourdon, grâce à une pénalité de Vasile Paraschiv.

« Nous n’avons pas fait les efforts nécessaires, fulminait Franck Cohen, l’entraîneur tourangeau, resté seul et abattu à ruminer sa colère de longues minutes sur le bord de touche. La victoire est allée à l’équipe, qui la voulait le plus. Je n’ai pas senti assez d’envie chez mes joueurs. »

Immense bonheur, en revanche, du côté de Stéphane Tessier, le président des « sang et or ». Cela fait trois ans que nous courrions après un succès contre l’UST. C’est incontestablement un virage important pris par le club pour l’avenir. » Vlad Harnagea, responsable des lignes arrières de Chinon parlait même « de victoire historique ». Pas faux, car, si notre mémoire ne nous fait pas défaut, jamais Chinon ne l’avait emporté face à l’UST depuis 1984.

Dans le camp tourangeau, on avait visiblement du mal à digérer ce nouveau coup d’arrêt. « C’est une cruelle désillusion, reconnaissait le capitaine Thomas Rougebec, contraint de suivre les débats des tribunes dès la 18e minute, suite à un carton rouge, pour avoir pris part à une « générale » à l’ancienne, que l’on avait perdu l’habitude de voir sur les terrains de rugby. Nous annonçons que nous allons prendre trois victoires. A l’arrivée, nous perdons les trois rencontres. » Un bilan bien maigre pour l’UST de deux points sur quinze. Très loin des prévisions envisagées.

« Ce bloc était extrêmement important, résume Sébastien Velez, l’entraîneur adjoint. Malheureusement, nous ne l’avons pas joué comme il le fallait. Nos prestations sont très loin de nos attentes. » A n’en pas douter, ces résultats négatifs laisseront des traces, tant sur le plan comptable, que dans les têtes. « Pour faire briller les étoiles, surenchérit l’ancien champion de France, il faut savoir être besogneux. Nous avons perdu Poitiers et Chinon par manque de concentration et de maturité. » Parfaitement exact. Les deux fois, l’UST devait triompher. Les deux fois, les Tourangeaux ont été punis pour ne pas avoir respecté les consignes.

Cohen : « Cela ne peut pas continuer »

« Quand je vois le comportement de certains, s’emporte Franck Cohen, je m’interroge. Sur la fin, avec « Choco », nous leur demandons de passer en mêlées simulées. Ils n’écoutent rien et font l’inverse en prenant la touche. Là dessus, nous écopons de trois pénalités pour, à l’arrivée, se faire assassiner. Cela ne peut pas continuer ainsi, prévient un entraîneur très en colère. Il va falloir qu’ils se remettent en question et qu’ils écoutent. Je suis gentil, mais, à un moment donné, çà suffit. Je ne peux plus les défendre. Autant, j’arrive toujours à relativiser, insiste Cohen, car le contenu est souvent consistant, autant là, il n’y a rien, c’est le néant absolu. En plus, nous faisons preuve de suffisance. Nous leur demandons de mettre de la vitesse. Ce n’est pas compliqué…On ralentit tous les ballons et on revient sur les côtés fermés. A la mi-temps, on leur interdit et ils recommencent. Sincèrement, j’ai l’impression de parler dans le désert. »

A chaud, Thomas Rougebec, la tête à l’envers, se posait beaucoup de questions. « Comment peut-on passer en quelques semaines d’un rugby séduisant à une telle bouillie. D’un jeu clair et limpide, nous sommes retombés à un jeu totalement décousu. Nous avons perdu nos repères. Chacun veut sauver la patrie individuellement, nous faisons fausse route, c’est collectivement que nous nous en sortirons. »

Après cette parodie de rugby, Thomas Soulié, l’un des rares à avoir surnagé, côté tourangeau, voyait plus loin. « C’est très préoccupant, lâchait le Tarnais. Sportivement et humainement. Je m’interroge sur l’état d’esprit collectif. Si chacun fait son mea culpa et en tire les bonnes conclusions, la situation peut encore évoluer. »

Soulié n’a pas totalement tort, mais, avant d’attaquer la dernière ligne droite, une profonde remise en question s’impose. Si cette équipe de l’UST a du cœur, elle manque cruellement de patron et d’humilité. Quand on perd un derby, on rentre tête basse aux vestiaires. On ne reste pas sur le pré avec la banane aux lèvres. Certes, le rugby est, avant tout, un jeu. Sur un terrain, il est permis de perdre, mais, à la condition de tout avoir donné auparavant. Or, beaucoup semble l’avoir oublié. Un lavage de cerveau s’impose dans les meilleurs délais. Les cadres, les joueurs d’expérience doivent s’investir encore plus, pour prendre la parole et les clefs du camion, en parfaite harmonie avec le staff. Inlassablement, chacun doit travailler encore et encore pour s’améliorer. Les buteurs notamment, car il est anormal de rater la cible aussi fréquemment.

Vite redresser la barre

Résultat des courses, après ce mois de février terriblement noir, l’UST rétrograde à la quatrième place du classement, dépassé par Trignac, au bénéfice du bonus défensif (défaite 25-18) pris à l’aller à Tonnellé. Mais la situation est encore loin d’être catastrophique, à condition de vite redresser la barre. Il reste cinq journées et Tours bénéficie d’un calendrier à priori favorable.

Avec trois réceptions (Angers, Le Mans et la Baule) contre deux déplacements (Auray et Saint Malo), une place dans les quatre premiers semble toujours dans les cordes d’une équipe de Tours disciplinée, appliquée et déterminée. Que ceux qui ne veulent pas se plier à cet esprit de groupe aient le courage de renoncer.

« Il va falloir qu’ils se réveillent, martèle Cohen. Nous avons quinze jours pour nous laver la tête et ensuite, il faudra montrer un autre visage. » Velez tient un langage identique. « Il reste à tirer les leçons et à accepter nos erreurs sans penser à soi-même mais au groupe et au club. Je ne doute pas que chacun saura se remettre en question. »

Alors, Messieurs, mettez-vous bien vite dans la tête qu’une qualification reste toujours du domaine du possible. Y compris une montée en Fédérale 2. En quinze jours, vous êtes entrés, d’une manière peu glorieuse dans l’histoire du club, en baissant pavillon face à Poitiers, qui n’avait plus gagné à Tonnellé depuis un quart des siècle et en offrant à Chinon un bonheur attendu depuis 36 ans.

A vous, maintenant, de mettre les ingrédients nécessaires pour vous racheter et écrire les plus belles lignes d’une saison, qui est loin d’être finie…

                                                                                                                                   BERTRAND BOURGEAULT

 

Chinon – Tours : 20-18 (10-13). Arbitre François Rebel (Ligue de Bretagne).

Chinon : deux essais de pénalité (29e) et Clark (51e). Deux pénalités de Gilbert (23e) et Paraschiv (82e). Une transformation (51e) de Paraschiv.

Tours : deux essais de Lebrault (26e) et Ravilly (65e). Deux pénalités (22e, 39e) et une transformation (26e) de Giffard.

Carton rouge. Chinon : Hmida (18e). Tours : Rougebec (18e).

Carton jaune. Chinon : G. Lallemand (18e). Tours : Biet (18e), E. Sebillet (81e). Carton Blanc. Chinon : Perdriau (64e).

Evolution du score : 0-3, 3-3, 3-10, 10-10, 10-13, mi-temps, 17-13, 17-18, 20-18.

 

Tours. Lebrault – Etamé (Perchais, 73e), Labergère (Pionneau, 52e), Balmens, Lacroix – (o) Giffard, (m) Denormandie (Mery, 54e) – Raguin (E. Sebillet, 36e), Soulié, Biet (Breil, 69e) – Taylor (Diarra, 47e), Girardeau – Grelle (Ribbes, 31e), Ravilly (Biet, 74e), Rougebec.

 

Dix septième journée

Chinon – Tours                                  20-18

La Baule – Fougères                         50-26

Plouzané – Saint Malo                      36-13

Trignac – Auray                                 52-11

Le Mans – Saint Nazaire                   15-13

Angers – Poitiers                               remis

 

Classement. 1. La Baule 68 pts ; 2. Poitiers 66 ; 3. Trignac 56 ; 4. Tours 56 ; 5. Saint Nazaire 49; 6. Chinon 44 ; 7. Saint Malo 35 ; 8. Plouzané 32 ; 9. Auray 31 ; 10. Le Mans 26 ; 11. Angers 21 ; 12. Fougères 5. (Angers et Poitiers un match en moins).

 

Prochaine journée. (dimanche 15 mars) : Fougères – Plouzané, Saint Malo – Trignac, Auray – Chinon, Saint Nazaire – La Baule, Poitiers – Le Mans, Tours – Angers.